La chute de l'Acropole des Tanala


Juillet-août 1897, les Tanala indépendants se retranchent peu à peu sur le rocher d'Ikongo pour préparer leur insurrection contre les envahisseurs français. Face à cette situation, l'administrateur en chef Besson se rend à Ikongo, début septembre, et fait un dernier effort pour « ramener les insurgés dans le devoir ». À son appel, l'immense majorité de la population se rend à Maromiandra et lui jure fidélité. Mais les groupes hostiles du rocher d'Ikongo refusent de se dissoudre. Leurs chefs déclarent « qu'ils feraient la guerre aux Français comme ils l'ont fait aux Hova et qu'ils finiraient par les chasser du pays ». Ils ajoutent même « qu'ils entendent continuer à interdire l'entrée de leur territoire et qu'ils s'opposeraient surtout à la construction d'une grande route qui en faciliteraient l'accès ». Du 22 au 1er octobre 1897, des négociations sont engagées par le Dr Besson avec les Tanala. Sans succès. Aussi faut-il recourir à la force des armes. Le massif d'Ikongo affecte la forme d'un gigantesque fer à cheval, dont la concavité est tournée vers l'Est. Mesurant 6 km² environ à une altitude de 1 050 m, le massif d'Ikongo est arrosé par la rivière Sandranata à 350 m d'altitude. Le plateau supérieur très mamelonné est arrosé par trois ruisseaux et on y rencontre aussi de nombreuses sources, d'où les 600 à 800 ha de terres très fertiles, pouvant se prêter à divers genres de culture. Cette circonstance enlève à l'assaillant la possibilité de réduire la position par la famine. Plusieurs contreforts servent de base à cet imposant massif. Du côté ouest, cependant, se trouve une sorte de soudure qui rattache l'Ikongo au massif d'Ambondrobe ou Montagne des morts. Au nord également, une sorte d'échancrure, d'où s'échappe en cascade le ruisseau d'Ilavaohina, constitue un second point faible de la position. Mais partout ailleurs, le massif est à peu près inabordable. À juste titre, on l'appelle « l'Acropole des Tanala ». D'autant que vainement assiégé par les Hova pendant de longues années, il a acquis un renom d'inviolabilité. De quoi augmenter la foi et le courage de ses défenseurs. Du 5 au 9 octobre, des engagements très vifs ont lieu, faisant des « pertes sensibles » côté français. L'affrontement décisif se déroule le 10 octobre. L'administrateur en chef Besson connaît une idée préconçue des Tanala. Ceux-ci croient, en effet, que le dimanche, les chrétiens sont astreints par leurs croyances à un repos absolu. Comptant sur la « paresse des Tanala », le froid et le brouillard de la matinée, il arrive sans bruit avec une troupe jusqu'au dernier retranchement et s'en empare par surprise. Puis, il s'avance sur le plateau, bientôt rejoint par d'autres détachements qui, tous ensemble, chassent les Tanala devant eux. Le commandant Cléret choisit alors, sur une éminence à proximité d'Ilavaohina, un village où s'établissent provisoirement les hommes (dont sept Européens) destinés au poste à créer sur le plateau d'Ikongo. Les denrées abandonnées par les rebelles présentent un approvisionnement de cinq à six mois pour la garnison. Le nouveau poste prendra le nom du soldat d'infanterie de marine genevois, tué le 6 octobre à l'attaque des lignes de l'Ilavaona. Le 14 octobre, le Dr Besson se rend à Maromiandra où se trouvent unis le roi Ratsiandraofana, les gouverneurs et toute la population soumise. Il fait connaître aux Tanala les charges qui les attendent dans l'avenir. Entre autres, l'établissement d'une obligation de travail d'intérêt général pour tous les adultes à raison de cinquante jours par an et d'une rétribution de 0fr10 par jour en faveur des prestataires; impôt de capitation consistant en 20 kg de paddy par adulte à verser à l'époque de la moisson; impôt d'un bœuf de belle taille par groupe de cinquante habitants pour les adultes; obéissance absolue aux ordres des chefs nommés par la France et responsabilité de ces derniers; division du district en quatre arrondissements: Ikongo, Sandrabe, Andriana, Manambondro; création d'écoles dans le plus bref délai; remise de toutes armes à feu sous peine des châtiments les plus sévères. Enfin, une amnistie générale est accordée aux insurgés d'Ikongo, à l'exception des seize chefs les plus compromis.
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