foot-ball régionale 1 - La diaspora malgache : Les Brésiliens de l'océan Indien


Le pont entre Madagascar et la Réunion a toujours fonctionné. Chaque année, des joueurs quittent la Grande Ile pour l'eldorado réunionnais. C'est drôle. Faneva, le capitaine des Barea qui compte cent soixante treize matchs de Ligue 2, rêvait, à l'origine, de faire carrière à la Réunion. «Parce qu'on pouvait toucher jusqu'à 3000 euros», expliquait-il dans des interviews accordées aux sites Le Monde et So Foot, en 2016. Le dilemme s'était posé à lui en 2006 : signer un contrat fédéral de «1200-1300 euros» à l'Excelsior ou effectuer un essai au FC Nantes grâce à l'entraîneur des Tangos de l'époque, Hosman Gangate. L'ambition lui a donné raison. Pourtant, la question de l'argent n'est pas anodine. À Mada, l'attaquant gagnait «environ 40 euros» mensuels et vivait chez ses parents, soit le salaire moyen du pays. Lors d'une courte expérience à Maurice, il émargeait à peine à 100 euros. Pas surprenant de voir chaque saison, de nouveaux visages débarquer dans notre championnat avec des trajectoires diverses. Il y a ceux qui espèrent y faire leur beurre en s'inscrivant sur la durée, ceux qui le voient comme un tremplin vers le haut niveau à l'instar de Bolida ou Paulin désormais en Ligue 2 et en D1 egyptienne, et ceux qui, après une carrière sur le «Vieux continent», souhaitent se rapprocher géographiquement de leur terre-mère. En dessous du Smic A ce jour, ils sont 20 en Régionale 1, quasiment tous passés par leur sélection nationale, gage de leur niveau. De tous temps, le foot péi s'est nourri de l'apport de ces joueurs voisins. Certains ont été de véritables gloires. À l'image de Madi, Baolava ou Jean-Laurent dans les années 70. Setra, Claude Kely et surtout Tsimba dans les années 80-90. Appréciés pour leur style virevoltant, presque dansant comme sur un air de «salegy», les Malgaches sont un peu les Brésiliens de l'océan indien, animés par le désir de s'expatrier pour fuir la misère grâce à leur talent balle au pied. D'ailleurs, comme les Sud-Américains, ils se font appeler par leur prénom ou un surnom à cause d'un patronyme souvent à rallonge. «Le joueur malgache joue souvent dans des conditions difficiles chez lui. A Majunga, les matchs se font sous un soleil tapant avec un thermomètre à 40°C. Alors, quand il arrive en Europe, il est fier. Il faut savoir qu'il envoie une partie de l'argent qu'il gagne à sa famille ou met de côté pour se construire une maison au pays», expose Thierry Cortez, vice-président de l'US Sainte-Marie, habituée à accueillir des «Gasy». Pour caricaturer, on pourrait parler pour les clubs réunionnais, de main d'oeuvre de qualité à bon marché. Dans les faits, le cliché est un peu dépassé, comme l'explique Thierry Cortez : «Quand ils arrivent et qu'ils sont conseillés par leurs compatriotes présents depuis plus longtemps, ils revoient leurs prétentions à la hausse.» Aussi, la Préfecture exige quelques garanties en termes de logement et de contrat de travail. © JIR
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