Intégrité - Le Bianco s’attaque à la corruption sexuelle


En parler. Le paiement en nature est une réalité. Faire le don de sa personne dans le sens propre du terme en échange d’un service concerne plusieurs secteurs à Mada­gascar. Telle est l’essence de l’étude effectuée par le cabinet Marketing –Commu­nication innovating (MCI) présentée, hier, au restaurant Le Pavé Antani­narenina. Pour le compte du Bureau indépendant anticorruption (Bianco), l’étude est financée par le projet Institution démocratique intégrée, représentative et crédible (IDIRC) du PNUD. Un atelier de réflexion sur la stratégie de lutte contre ce fléau a été organisé avec la participation de plusieurs acteurs. À travers une enquête effectuée à Antananarivo sur trois cent quatre-vingt-dix personnes, l’étude soulève que la corruption sexuelle affecte autant le secteur public que privé. À travers des entretiens et des discussions de groupe, des victimes, des personnes concernées de près ou de loin par ce fléau ont été approchées. Comme tout acte de corruption, il s’agit d’une pratique occulte. « Le fait de recevoir une contrepartie en échange d’une faveur sexuelle est un acte de corruption », explique Jean Louis Andria­mifidy, directeur général du Bianco. Lors de la présentation, les consultants ont défini la corruption sexuelle comme « le fait pour une personne (fonctionnaire ou employé du privé) d’exiger des faveurs sexuelles en contrepartie d’une prestation qui fait partie de ses fonctions ». Elle concerne beaucoup de femmes, d’hommes et même des enfants. « C’est une réalité mais on n’ose pas tellement en parler. Nous vivons dans une société où tout ce qui touche le sexe, de près ou de loin, est tabou », affirme Alain Ratsimbaharison, directeur de la communication du Bianco. D’après l’étude, la corruption sexuelle touche l’économie, l’éducation, la culture, la sécurité publique, la santé, l’emploi. Sur le plan juridique, le code pénal dans son chapitre 4 prévoit des sanctions pour les auteurs de la corruption sexuelle. Toutefois, les victimes n’osent pas en parler par méconnaissance des droits et des procédures. À cela s’ajoute la méfiance sur la non effectivité des plaintes. Pour lutter contre ce fléau, le Bianco va mettre en place une stratégie de sensibilisation pour inciter les victimes de la corruption sexuelle à dénoncer et à en parler.
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