La réalité, en face


Quel serait le contraire de «pays de merde» ? To be or not to be : c’est une question. Une hypothèse à supposer même que ce pays presque idéal existe. Or, il se trouve que plusieurs d’entre nous ont déjà vu et pratiqué ce pays. Comme disait Platon, Saint-Paul ou Augustin, repris par Belloiseau, citant lui-même Pascal, comme lui fit dire Marcel Pagnol dans «Manon des sources», où j’aurai donc retrouvé la maxime : «Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais déjà trouvé». Un pays que ses natifs ne fuiraient pas à n’importe quel prix, fût-ce à celui de leur vie. Un pays où pour chacun, les libertés d’opinion, d’expression, de religion, seraient garanties. Un pays où chacun, sinon la plus grande majorité de la population, mangerait à sa faim, quantitativement et nutritionnellement. Un pays où chacun, et surtout les plus démunis, auraient accès à des soins de qualité. Un pays où chacun aurait une chance égale d’accéder à une éducation de qualité. Un pays où tous auraient droit à la justice. Pourquoi des millions de gens quittent là où ils avaient toujours vécu, là où leurs ancêtres étaient nés, là où ils auraient eux-mêmes voulu mourir, sinon parce que les infrastructures de base n’existent pas. Ou que derrière le décor de beaux mobiliers urbains, le goulag de la persécution en constitue l’envers. Et que, là où les ancêtres avaient vécu, là où eux-mêmes ont vu le jour, les enfants n’auraient plus aucun avenir. En 2018, qui s’offusquerait que les livres d’histoire traitent les pays communistes de derrière le «rideau de fer» de «pays de merde» ? Combien furent-ils à avoir payé de leur vie la tentative de s’échapper de la prison de Berlin-Est ? Ils furent encore des milliers et des milliers, devant les télévisions du monde entier, à vouloir s’échapper du «paradis socialiste» par une trouée dans les barbelés hongrois. Ce n’était jamais qu’en 1989. Le choix des pieds conduit ailleurs : qui pour la SéCU, qui pour une université, qui pour s’affranchir d’un burka, qui pour l’insolence d’une caricature, qui pour le confort d’ordures ramassées et de routes sans nids de poule. Bien sûr, après quatre heures d’une réunion d’urgence pour arracher une unanimité sans doute pas tellement évidente, les 54 pays du «Groupe Africain» auprès de l’ONU sont parvenus à exprimer leur indignation vertueuse d’une seule voix après les propos supposés de Donald Trump. «Supposés» parce qu’aucun enregistrement n’existe pour en attester de la véracité sinon de la simple réalité. Cependant, ceux qui se seraient reconnus dans cet épithète, devraient d’abord, et surtout, s’atteler à équiper des hôpitaux, assurer une éducation de qualité, garantir une justice équitable, assurer la sécurité des biens et des personnes, construire des ponts qui ne s’effondrent pas à chaque brise, ne laisser aucune famille mourir de faim, rendre confiance en la démocratie des libertés. Sinon, et pas besoin de Donald Trump, leurs administrés savent bien que ce sont des dirigeants de merde. Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
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