Bemiray - Antoine - « À Madagascar, c’est beau partout »


« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière » [caption id="attachment_72028" align="alignleft" width="215"] Le chanteur, navigateur et écrivain français Antoine (né en 1944 à Tamatave, Madagascar) présente, le 25 octobre 1989 à Lyon, son nouveau livre "Iles... était une fois".
(FILM) AFP PHOTO/JEAN-MARIE HURON (Photo by JEAN-MARIE HURON / AFP)[/caption] Bemiray de ce jour évoque le grand peintre Roland Raparivo, décédé le 7 novembre dernier. Ses tableaux sont littéralement des chefs-d’œuvre. Un autre amoureux de la Grande île est mis en avant par Tom Andriamanoro, Antoine, né à Toamasina en 1944. La rétrospective mentionne le producteur français de films Charles Gassot, fondateur de l’ONG Écoles du Monde Madagascar. Avec le temps, « il » a certes pris du recul et passé la main. Mais cet entretien qu’il m’a accordé, lors d’une relâche à Madagascar, avant de reprendre sa navigation en solitaire, est difficile à oublier. Car, que ce soit en matière d’audiovisuel ou de littérature touristique, il est tout simplement un monument. Qui n’a pas rêvé en suivant à la télé ses escales couleur saphir aux Maldives, à Saint-Martin, à la baie d’Halong, ou à l’île de Pâques ? « Il » c’est Antoine, navigateur et réalisateur de documentaires d’appel sur les plus belles îles. Et, pour la petite histoire, le grand rival de Johnny Hallyday du temps des chemises à fleurs et des cheveux longs. Alors, Antoine, ces retrouvailles avec Madagascar ? Madagascar, c’est des dizaines de destinations aussi belles les unes que les autres. Vous pouvez faire venir des gens du monde entier qui ont déjà vu des paysages sublimes, ils ne seront pas déçus de la beauté du pays, de la mer d’Émeraude au Nord, à Sainte-Luce au Sud. Et puis il n’y a pas à craindre de surpopulation touristique, puisque l’Île est immense. Mais il faut être attentif, régir les choses sans les interdire. Il faut aussi aider ceux qui travaillent dans et pour le tourisme. Tous ceux que j’ai vus, Malgaches comme étrangers, sont amoureux de cette Île. Si c’est tout simplement pour faire fortune, ils se seraient implantés dans d’autres pays moins compliqués. Un petit regard sur vos précédents passages… Je suis arrivé ici en voilier en 1979, je suis revenu en catamaran du côté de Nosy Be en 1992, Mais j’utilise aussi l’avion car le pays est tellement vaste qu’en bateau intégral je ne pourrais en saisir qu’une infime partie. Et puis, nous travaillons sur une qualité de vidéo très haut de gamme, c’est un matériel très coûteux qu’on ne peut pas garder trop longtemps. Vous dites qu’à Madagascar c’est beau partout. Est-ce un constat ou une cristallisation d’ordre sentimental ? C’est très sincère, je connais beaucoup de pays qui ont des sites merveilleux. Mais entre deux endroits, ça n’a aucun intérêt, ça peut même être laid. Et puis il y a des pays où c’est beau tout le long des itinéraires. Je citerai le Vietnam et Madagascar. De la capitale à Toliara par exemple, chaque kilomètre est beau, on n’arrête pas de s’arrêter pour filmer. De pures merveilles de la nature, mais aussi des scènes de la vie de tous les jours. Que pensez-vous des projets miniers dans certaines régions à fort potentiel touristique ? Il faut être logique et réaliste, il n’y a pas que le tourisme, il y a aussi autre chose qui doit être mise en valeur. L’important, c’est que tout cela s’harmonise sur fond de respect des gens et des lieux. [caption id="attachment_72029" align="alignleft" width="300"] Deux scènes de vie capturées par Antoine.[/caption] Y-a-t-il aussi des choses à dire sur l’hôtellerie ? Ce fut une grande découverte par rapport à mes passages précédents, car j’ai vu des choses qui sont de qualité très relevée. Dans mes coups de cœur, je citerai la Reine de l’Isalo, Anjajavy, Tsarabanjina qui est un endroit de rêve total. À plus petite échelle il y a le Tsara Guest House à Fianarantsoa et Andrea dans la baie de Saint-Augustin. Je pourrais en énumérer beaucoup d’autres. Que dire de trois cent soixante-cinq jours dans la vie d’Antoine ? C’est variable. Il y a d’abord les périodes de navigation en bateau. Je navigue généralement seul. Ensuite un petit moment en famille à Tahiti, mais je suis plutôt un grand solitaire. Les tournages avec mon équipier Arnaud de Belinay, on se lève à six heures du matin et on crapahute jusqu’au soir. Crevés mais heureux parce qu’on a vu de belle choses toute la journée. Paris enfin, pour du travail plutôt bureaucratique et technique, sans oublier les télés pour faire la promotion et répondre aux interviewes. C’est une vie finalement très diversifiée et passionnante à chaque instant. [caption id="attachment_72036" align="alignleft" width="300"] Film director Bertrand Blier (C) and producer Charles Gassot (R) arrive 02 August 2007 in Honfleur, Normandy, northwestern France, to attend the French actor Michel Serrault's funeral. The veteran actor, 79, has died after a long illness, 29 July 2007. Serrault, one of the great names of French cinema, made 135 films in a career covering more than 50 years, and shone in straight roles as well as the comedy for which he was perhaps better known..AFP PHOTO STEPHANE DE SAKUTIN (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)[/caption] Rétro pêle-mêle Madagascar est déconnecté du vrai cinéma depuis des décennies, et c’est tout simplement dommage. Dommage pour tous ceux qui n’ont jamais connu l’ivresse des salles obscures, avec dans les dernières rangées, des places discrètes que se réservaient mine de rien les amoureux et les illégitimes de tous bords. Dommage, pour être plus sérieux, car pendant tout ce temps les Malgaches sont passés à côté de tout un pan de la civilisation mondiale véhiculé par le septième art. Et ce ne sont pas les pseudo-productions locales tournées en un mois et quatre jours qui combleront le déficit cumulé. Dommage enfin car on aurait pu connaître au moins de nom un certain Charles Gassot qui figure parmi les plus grands producteurs de films français. Tombé amoureux de Madagascar en 1996, il a apporté sa part de brique au social de ce pays, discrètement et sans en faire un… cinéma. Les cinéphiles, il doit en rester, pourraient citer de lui des titres célèbres comme « La vie est un long fleuve tranquille », « Le bonheur est dans le pré », « Tanguy », « Beaumarchais, l’insolent ». Le coup de foudre remonte au tournage du film « Michael Kael contre la World News Company » pour Canal Plus. L’équipe cherchait un pays beau et accueillant, et ce fut Madagascar. Pour Charles Gassot, ce fut l’occasion d’apprécier la chaleur de l’hospitalité, mais aussi de mettre le doigt sur la pauvreté et les difficultés du quotidien aux fins fonds de la brousse. Ainsi est né l’ONG Écoles du Monde implantée dans la région de Mahajanga et soutenue de Paris par une équipe de bénévoles. La finalité étant de lutter contre l’exode rural, l’organisation choisit d’agir directement sur les conditions de vie à coups de réalisations basiques telles que la mise en place d’éoliennes et d’infrastructures sanitaires, le forage de puits, la riziculture, le reboisement, et surtout la construction d’écoles. Ne pas faire de discours, mais faire. Ce serait la transcription la plus simpliste mais aussi la plus appropriée d’Acta Non Verba, revue et réactualisée par un homme du cinéma qui se dit fier et privilégié d’appartenir à une profession où la performance est une obligation. Et qui peut ouvrir des voies inattendues à qui sait ouvrir les yeux… [caption id="attachment_72042" align="alignleft" width="300"] La dernière exposition de Roland Raparivo après soixante ans
de carrière, à l’AFT Andavamamba du 23 août au 9 septembre 2017.[/caption] CHRONIQUE - Peinture - Roland Raparivo, à la mémoire d’un géant L’un des plus grands peintres malgaches ne pouvait être que figuratif. Son enfance avait été marquée par dix-huit mois de fuite en forêt avec toute sa famille durant les évènements de 1947. Le petit Roland était un bon élève à qui la maîtresse confiait certaines tâches comme celle de décorer la classe ou d’illustrer les cartons de tableau d’honneur. Très tôt il aimait traquer l’originalité d’une vue, la franchise d’une scène, les couleurs de la vie, mais dut exercer divers petits métiers avant de pouvoir se donner entièrement à sa passion, la peinture. C’est ainsi qu’il fut taximan, menuisier, tourneur- ajusteur, reporter photographe… Il a même été laborantin dans un studio, du temps où la photo couleur n’existait pas encore. La clientèle confiait surtout des photos de mariage à colorier à la main. Les robes des filles d’honneur ressortaient sans problème en bleu, tandis que les rouges à lèvres s’amusaient outrancièrement à agresser le gris du décor. On n’échappe pas à son destin, et les questions commencèrent à se bousculer dans sa tête : pourquoi ne serait-il pas peintre à part entière ? Le déclic survint lors d’une rencontre avec le grand Ramanankamonjy à qui il montra timidement ses essais. Il ne s’attendait pas à la réaction du maître : « Inutile d’entrer en apprentissage auprès de qui que ce soit, mon petit. Continue tel que tu es, au naturel ». [caption id="attachment_72043" align="alignright" width="300"] La dernière exposition de Roland Raparivo après soixante ans
de carrière, à l’AFT Andavamamba du 23 août au 9 septembre 2017.[/caption] Autodidacte Roland Raparivo peint surtout au couteau, et comme l’a relevé un critique, on reconnaîtrait ses œuvres même sans sa signature. En 1984, le Musée international des Arts du XXè siècle de New York le choisit pour représenter les plasticiens malgaches. Une de ses toiles figure dans l’exposition itinérante de cette Institution. Il n’a jamais oublié la relève et a toujours appelé de tous ses vœux la création d’une École des Beaux-arts à Madagascar. Il lui arrivait d’ailleurs souvent d’inviter la jeune génération pour qu’elle s’imprègne par l’observation de sa façon de travailler. « C’est tout ce que je peux faire car je suis un bien piètre pédagogue. D’ailleurs, je ne saurais jamais enseigner mon art puisque je ne l’ai pas appris ».   [caption id="attachment_72044" align="aligncenter" width="300"] On ne peut qu’être admiratif devant les chefs-d’œuvre
d’un autodidacte de la peinture.[/caption] [caption id="attachment_72045" align="alignleft" width="300"] Le premier satellite artificiel Spoutnik 1, lancé par l’Union soviétique le 4 octobre 1957 depuis le cosmodrome
de Baikonour.[/caption] Conquête spatiale - De grands pas pour l’Humanité L’exploration de l’espace a fait rêver les amateurs de fiction, des centaines d’années avant qu’elle ne devienne réalité et mette en concurrence les deux Supergrands : une question de suprématie certes, mais aussi de possibilités de ressources recelées par cet infini à découvrir. Trois évènements majeurs l’ont marquée : Un, le premier vol spatial effectué par Spoutnik le 4 octobre 1957. Deux, le premier vol orbital habité de Youri Gagarine le 12 avril 1961. Trois, le premier pas sur la lune de Neil Armstrong le 20 juillet 1969. D’autres dates ne sont surtout pas à oublier car elles constituent autant de jalons dans l’aventure spatiale : le 3 novembre 1957 par exemple, quand la chienne Laïka « s’envola » pour être le tout premier animal de l’espace. Ou le 16 juin 1963, quand ce fut le tour d’une sortante de l’Académie des ingénieurs de l’Armée de l’air Joukovski, Valentina Terechkova, choisie parmi quatre cents candidates pour être la première femme cosmonaute. La mission Apollo 11, auteur de l’exploit lunaire américain, était composée de trois astronautes : Neil Armstrong, un ancien pilote de chasse de la guerre de Corée, recruté en 1962. C’est lui qui, avec la mission Gemini, réussit le premier amarrage de deux vaisseaux dans l’espace ; Edwin Aldrin, un ingénieur spatial sorti de l’Académie militaire de Westpoint ; Michael Collins de la même Académie, recruté en 1963. Les objectifs principaux avaient été fixés par John F. Kennedy le 25 mai 1961. « Un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour l’humanité », telles furent les paroles de Neil Armstrong en posant le pied sur la lune. Ce que, dans l’euphorie, personne n’a retenu, c’est que, pour sa part, Edwin Aldrin demanda pour un moment le silence radio à la Station, et sortit deux petits sachets contenant du pain et du vin que lui a remis son église. Et il fut le premier homme à avoir pris la Sainte-Cène sur la lune… Lettres sans frontières - Oui, mon commandant Le nouveau commandant a besoin d’un boy. Le Père Vandermayer m’a dit de me présenter à la Résidence demain. Cela me soulage car, depuis la mort du Père Gilbert, la vie à la Mission m’est devenue intolérable. C’est sans doute aussi un bon débarras pour le Père Vandermayer. Je serai le boy du chef des Blancs : le chien du roi est le roi des chiens. Je quitterai la Mission ce soir, j’habiterai désormais chez mon beau-frère au quartier indigène. C’est une nouvelle vie qui commence pour moi. Mon Dieu, que votre volonté soit faite… Enfin, ça y est ! Le Commandant m’accepte définitivement à son service. Cela s’est passé à minuit. J’avais fini mon travail et m’apprêtais à partir au quartier indigène quand le Commandant m’invita à le suivre dans son bureau. Ce fut un terrible moment à passer. Après m’avoir longuement observé, mon nouveau maître me demanda à brûle-pourpoint si j’étais un voleur. - Non, mon Commandant, répondis-je. - Pourquoi n’es-tu pas un voleur ? - Parce que je ne veux pas aller en enfer. Le Commandant sembla sidéré par ma réponse. Il hocha la tête, incrédule. - Où as-tu appris ça ? - Je suis chrétien, mon Commandant, répondis-je en exhibant fièrement la médaille de Saint Christophe que je porte à mon cou. - Alors, tu n’es pas un voleur parce que tu ne veux pas aller en enfer ? - Oui, mon Commandant. - Comment est-ce, l’enfer ? - Ben, c’est les flammes, les serpents, et Satan avec des cornes. J’ai une image de l’enfer dans mon livre de prière… Je…je peux vous la montrer. J’allais sortir le petit livre de prière de la poche arrière de mon short quand le Commandant arrêta mon geste d’un signe. Il me regarda un moment à travers les volutes de fumée qu’il me soufflait au visage. Il s’assit. Je baissai la tête. Je sentais son regard sur mon front. Il croisa et décroisa ses jambes. Il me désigna un siège en face de lui. Il se pencha vers moi et releva mon menton. Il plongea ses yeux dans les miens et reprit : - Bien, bien, Joseph, nous serons de bons amis. - Oui, mon Commandant, merci, mon Commandant. - Seulement si tu voles, je n’attendrai pas que tu ailles en enfer. C’est trop loin. - Oui, mon Commandant… C’est où, mon Commandant ? Je ne m’étais jamais posé cette question. Mon maître s’amusait beaucoup de ma perplexité. Il haussa les épaules et se rejeta sur le dossier de son fauteuil. - Alors, tu ne connais même pas l’endroit où se trouve l’enfer où tu crains de brûler ? - C’est à côté du purgatoire, mon Commandant. C’est… c’est au ciel. - À la bonne heure, nous y voilà ! J’espère que tu as compris pourquoi je ne pourrais attendre que « p’tit Joseph pati rôti en enfer »…
Plus récente Plus ancienne