Indépendance de façade et souveraineté fictive


Dans le même temps, nous nous éloignons dangereusement des réalisations et des créations authentiquement malagasy. Nous avons oublié que la France n’a fait sa Révolution qu’en 1789. Elle fût très sanglante. À Madagascar ou le pays qui existait déjà à ce moment-là, appelons-le comme on veut, cela faisait déjà deux ans qu’un «roturier» est arrivé au pouvoir au centre de l’Île. Le «roturier» a détrôné pacifiquement la «noblesse» en 1787 par la magie de la première expression libérée du choix de celui à même de bien diriger le royaume. Ce royaume qui s’est étendu pour faire de ses limites la mer. Le pouvoir en place en 1787 n’avait pas besoin de l’assistance internationale pour bien asseoir son autorité. On s’en souvient encore, heureusement, jusqu’à aujourd’hui que des vrais sages, un peu partout dans l’Île ont conseillé le Souverain. La bouse de vache que vous pouviez voir sur votre chemin, si elle est retournée, elle ne vous appartient pas. N’est-ce pas merveilleux que les gens se souviennent encore de cela, des siècles plus tard ? Mais, ne dit-on pas que la culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié ? J’espère de tout cœur que ce qui doit rester authentiquement malagasy en chacun de nous sera plus que du folklore. Les bonnes choses, en tout cas, et surtout… J’entends de plus en plus que la lutte contre le tabagisme s’installe au pays, de plus en plus comme c’est le cas également dans d’autres pays, soucieux du bien-être de leur population. Mais, nous semblons avoir complètement oublié que chiquer du tabac était une offense au Souverain depuis 1787 à Madagascar. La question de santé et de salubrité publique n’est donc pas un concept nouveau pour Madagascar. Comme l’étaient plusieurs aspects de la vie au sein de Madagascar. Mais nous l’avons oublié au fil du temps qui passe et qui ne revient plus. Nos gouvernants, si on ne regardait que la période de l’indépendance retrouvée depuis 1958 mais d’une très mauvaise manière, semblent avoir oublié pas mal de choses qui ont fait la grandeur de ce pays qu’est Madagascar. Ils/elles se sentent tellement intelligents au point de ne plus sentir la population qu’ils ont réussi à asseoir en 2017 une indépendance de façade et une souveraineté fictive. Ils ont tellement bien fait cela depuis 1958 que le symbole le plus sacré pour les Malagasy, la terre, se brade de plus en plus aux plus offrants. Ils/elles (les gouvernants) ont tellement réussi dans leur entreprise malfaisante que la principale richesse du pays s’est appauvrie : la population. Et le carnage se poursuit et n’est pas du tout près de cesser. Madagascar a actuellement un chef d’institution qui est, dans la même foulée, président du parti au pouvoir après avoir été ministre de la République. À croire ce qu’on en dit, c’est tout à fait normal car aucune loi ne l’interdit. Parlez-moi donc plutôt de la dernière grande réalisation du génie malagasy authentique. Je parle ici d’une réalisation ayant eu un impact bénéfique, à long terme, sur la population de Madagascar. Elle date de plusieurs siècles, je vous le jure. N’en déplaise à ceux et celles qui gouvernent le pays. Nous avons eu le temps de la détruire, depuis. Tant mieux si des gens se sont enrichis dans tout cela, quand bien même, ce n’est qu’une infime minorité. Mais à quoi cela sert-il d’être à l’abri du besoin si la misère est la chose qui prospère le plus autour de soi ? Et ce, à la grandeur du pays ? Moi, en tout cas, je ne vois qu’une population qui peine à survivre, dans sa grande majorité. Cela ne veut-il pas dire que, quelque part, il y a bel et bien ceux et celles qui vivent aux dépens de la majorité ? C’est fou de penser ainsi. Mais c’est ce que je ressens en ce matin de novembre. Par Jean Razafindambo  
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