Canard enragé


Tantôt victime d'un AVC, tantôt ministre du Commerce, tantôt embauché comme coursier à Iavoloha, tantôt en faillite, tantôt parmi les plus grosses fortunes du pays selon le très sérieux magazine Forbes.On aura tout lu, tout entendu, tout vu dans les canards, sur les ondes, dans les réseaux sociaux concernant Edgard Razafindravahy, ces derniers temps. C'est à l'image du journalisme du pays où tout le monde connaît les informations sur quelqu'un sauf l'intéressé. Il arrive même qu'on annonce la mort d'une personne dans les pages nécrologiques sans qu'elle soit avisée. C'est un appel hasardeux pour recouper qui lui apprend la mauvaise nouvelle. Elle n'osera pas demander une rectification, encore moins porter plainte de peur d'être taxée de fossoyeur de la liberté d'expression. Pire, elle voit ses comptes bancaires bloqués suite à l'annonce et devra fournir un certificat de retour à la vie décerné par le president de la commission de résurrection nationale pour pouvoir les utiliser. C'est pratiquement devenu une règle de citer, voire d'accuser des noms dans les journaux de manière gratuite sans prendre la peine de demander la dernière volonté de celui que l'on va assassiner avec une plume acérée au curare. C'est, pourtant, une règle d'or que l'on apprend en cours élémentaire, première année de journalisme. Un démenti, un droit de réponse n'effacera pas le mal commis par un support dont les inepties sont prises pour paroles d'évangile par un lectorat et un électorat qui ont du mal à distinguer un journal d'un chiffon. Une plainte pour diffamation se terminera par une mobilisation de la confrérie pour atteinte à la liberté d'expression. Untel est le champion du trafic de bois de rose, untel a tué des exploitants miniers, untel a construit un immeuble de vingt étages et on en passe et des meilleurs. Des " grands dossiers d'investigation " en béton auxquels manquent l'avis de ceux que l'on veut dénigrer et salir. Si l'élection présidentielle a lieu maintenant, Edgard Razafindravahy aura fait sa campagne sans bourse délier. Il n'a jamais eu la une des titres qui lui ont en aversion que maintenant bien qu'on parle de lui en mal plutôt qu'en bien et avec des informations de caniveau et même si on n'a jamais entendu son nom dans les différents trafics qui défraient les chroniques. À croire qu'Edgard Razafindravahy est l'homme à battre et à abattre. Ses prises de position dérangent comme s'il était devenu le personnage le plus important du pays alors qu'on a l'habitude de le traiter avec sarcasme et mépris. Comme s'il lui était interdit d'aller à gauche ou à droite comme bon lui semble. Comme si c'était un crime de prendre une quelconque position, comme s'il était obligé de suivre une tendance plutôt qu'une autre. En tout cas, il n'est pas le premier à changer d'avis pour une raison ou une autre. Tous les politiciens déplacent leurs pions selon leur objectif en conformité avec leurs convictions. On ne pourra pas leur en vouloir . Pour le moment, ses convictions et celles de son parti restent inchangées, comme il vient de le souligner dans une récente déclaration. Et d'ailleurs, cela ne regarde que lui et ses partisans, convaincus de la justesse de ses idées, de l'opportunité de sa position. Personne n'a le droit de le condamner de ce qu'il a envie de faire. Ce n'est pas pire que les parlementaires élus sous une couleur et qui en changent en cours de mandat. La presse se montre plutôt bienveillante à leurs égards et particulièrement haineuse et agressive vis-à-vis de Razafindravahy. Que ceux dont sa position dérange lèvent la main. Par Sylvain Ranjalahy
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