La résistance non-violente avance


Belle ambiance avant-hier dans plusieurs points de la ville d’Antananarivo. Oui, il y avait du bruit. On pouvait entendre les klaxons et les sifflets et sentir cet élan de masse pour une cause. Ce fut magnifique de voir ces gens se défouler durant les cinq minutes de la manifestation. Certains ont même profité de l’occasion pour en faire un peu plus que les cinq minutes convenues. Cette « nouvelle » forme d’expression et de résistance civile a pris du temps à être acceptée et qui a fait un bout de chemin car elle n’a pas toujours été bien vue au pays. L’on se souvient des moments où le mouvement Wake Up Madagascar a initié des actions similaires sans qu’il y ait eu foule. « Citoyens de salon », « bandes de snobs », « des jeunes qui n’ont rien à faire », « des gosses de riches » les qualificatifs aussi hilarants les uns comme les autres ont fusé de toutes parts. Ces activistes ont dû tenir bon pour ne pas crouler sous les insultes et le décourage­ment. Il y a eu l’incompréhension mais aussi le rejet de ce que l’on ne connait pas. Le Malgache est du genre timide et faire des mouvements bizarres en public. Il fallait voir les propos d’un certain artiste maintenant député lors des flashs mobs organisés par le mouvement à ses débuts. Mais ils ont tenu bon, la petite graine a donné un grand arbre : l’ouverture de l’esprit à d’autres manières de se faire entendre. La résistance civile et non violente que le mouvement souhaite inculquer se base sur plusieurs points. La base était que cette opposition est un moyen pour que la masse, la population puisse exercer son pouvoir sans violence. En faisant des actes où en se retenant de ne pas faire certains actes, les citoyens peuvent exercer une pression considérable. Les mouvements non violents organisés depuis et celui-ci fait hier ont démontré que la résistance civile est faite pour tout le monde et permet de faire tomber les barrières entre les gens. Si la stratégie est bien préparée, elle est très efficace. Il est possible de la faire à tous les niveaux. Le chemin a été long depuis mais il semble que la « mayonnaise » est en train de prendre. Le succès du mouvement « Aoka Izay » tient beaucoup du fait qu’il repose sur une campagne de communication de grande envergure qui a nécessité des moyens financiers colossaux. Le seul défi est de faire bouger la population sans dépenser toute une fortune pour les mobiliser. Car la finalité de cette éducation citoyenne est de faire comprendre à tous que chacun à son niveau, sans forcément avoir des moyens financiers et logistiques titanesques, peut se mobiliser de manière innovante pour se faire entendre et pour faire des revendica­tions citoyennes. Un de ses quatre, on pourra voir dans nos rues et nos ruelles des jeunes et des moins jeunes, main dans la main former des chaines humaines pour revendiquer des droits, des femmes balayer les rues pour dénoncer la corruption en haut lieu, des enfants peindre des murs pour demander plus de lieux de loisirs, des danseurs devant les ministères pour revendiquer plus de soutien à l’éducation à l’art, des hommes défilant en jupe pour déclarer leur appui à la gent féminine pour le droit au choix de l’avortement accompagné. En attendant, il faut continuer à se soutenir les uns les autres, à créer d’autres revendications et surtout ne pas s’endormir. Tel est le cas face aux aberrations et dangers du code électoral qui est en étude au niveau de l’Assemblée nationale. par Mbolatiana Raveloarimisa
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