Pierres gemmes - Des jeunes gemmologues au chômage


Sans issue. La situation des jeunes ayant acquis des connaissances et maitrisant la gemmologie et la lapidairerie en général est chaotique. « Je suis actuellement contraint de chercher d’autres activités pour survivre parce qu’il n’y a pas de travail pour moi », se plaint Andriamanoa, spécialiste en pierres fines, ayant suivi une formation de deux ans en gemmologie et lapidairerie. « Je suis même tenté de dire que j’ai perdu du temps et de l’argent en voulant me professionnaliser dans ce domaine », ajoute-t-il. La formation lui a coûté près de six millions d’ariary pour les deux ans, sans compter les investissements en matériel. « Une machine lapidaire avec un plateau de facettage, nécessaire pour démarrer une telle activité coûte quelques quatre millions d’ariary au minimum », révèle un autre spécialiste en la matière. Andriamanoa a été sous-traitant auprès d’une grande bijouterie pendant plusieurs années mais celle-ci s’est procurée du matériel plus sophistiqué et plus performant, le contraignant à quitter son travail. « Il n’est pas intéressant d’ouvrir un atelier si ce n’est que pour la bijouterie locale. Auparavant, tailler une pierre citrine de moyenne taille pour bague ou pendentif coûtait 25 000 ariary. Aujourd’ hui, on le fait même pour 5000 ariary », se désole le jeune homme. Il rajoute que la situation est pire dans la capitale en raison de la coupure fréquente de courant, et surtout en raison du fait que les clients étrangers préfèrent aller chercher directement les pierres dans les carrières et les font transformer sur place. Accompagnement La politique actuelle de l’État incite la création de plus de valeur ajoutée en transformant les pierres avant l’exportation. Ces quelques jeunes, formés, mais aujourd’hui au chômage ou exerçant d’autres activités sont pourtant unanimes quant à la défaillance d’accompagnement. « Nous sommes allés voir notre Institut de formation, le ministère en charge des Mines et du pétrole, le Bureau du cadastre minier de Madagascar pour leur proposer de nous accorder des carreaux miniers entre autres dans les carrières à pierres gemmes, et faciliter la mise en place d’atelier de transformation et de taillage et structurer le marché », explique Andriamanoa. Une proposition faite il y a trois ans de cela mais qui, jusqu’ici, est restée sans suite. « Il fut un temps où l’État avait interdit l’exportation de pierres brutes », a fait savoir un autre membre du petit groupe. Il est difficile de créer des PME de lapidairerie, faute d’investissement conséquent, de facilitation d’accès foncier pour les Malgaches. Mirana Ihariliva
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