Que le meilleur gagne


La HCC a validé la candidature des 36 candi­dats. Ils ne sont pas ennemis, mais concurrents au poste de la Magistrature Suprême, au service de tous les Malgaches. Ils seront interpellés, jugés sur leurs actions antérieures, sur leur comportement, sur leur programme et sur la qualité de leur équipe. Pour la première fois, le Premier Ministre, chef du Gouvernement, exige la neutralité de l’Administra­tion aussi bien dans la propagande que dans l’organisation électorale. S’il arrive à appliquer réellement la neutralité de l’Administration, un vent nouveau soufflera sur le processus électoral. Des signes de méfiances profondes de la part des candidats sur l’organisation électorale apparaissent. Renforçons le dialogue et l’écoute pour éviter un conflit. Madagascar ne peut plus endurer une nouvelle crise. 1. Aux alentours de 10 millions d’électeurs. Madagascar n’en a jamais enregistré autant. Pourtant, sur le nombre de Malgaches en âge de voter, au moins 3 à 5 millions ne sont pas inscrits sur la liste électorale, ce qui est dû, en partie, à la méthode artisanale de l’élaboration du fichier électoral. Il fallait l’élaborer non pas en parallèle, mais en liaison avec le recensement général de la population, réalisé par des professionnels de l’Institut National de la Statistique. Mais cette déperdition massive vient surtout de la carence administrative dans la gestion de la Carte d’identité Nationale. C’est un vieux problème culturel et structurel concernant le rapport entre les citoyens et le pouvoir. 2. A peu près 25.000 bureaux de vote ouverts sur tout le territoire national. Il est interdit de les installer dans les bâtiments militaires, dans les maisons privées ou dans les édifices religieux. Dans les zones enclavées, la CENI aura des problèmes pour trouver des locaux publics capables de recevoir le déroulement normal du scrutin. Des rumeurs commencent à mentionner l’existence de bureaux de vote fictifs. Pour couper court à ces affirmations, il revient tout simplement à la CENI de faire une large publication de l’adresse exacte de tous les bureaux de vote. Les candidats et leurs électeurs pourront ainsi les identifier avant le jour du scrutin. 3. Des 12.500 membres des bureaux de vote (5 membres par bureau), répartis sur tout le territoire, dépendront le bon déroulement du scrutin. En ville, la CENI n’aura pas de mal à les recruter. Mais à la campagne, au fond de la brousse, le problème se pose sérieusement. Or le remplissage des procès-verbaux du dépouillement de vote revient aux membres du bureau de vote. Si le PV est mal rempli, tous les électeurs qui y ont accompli leur devoir électoral perdront leur voix. A chaque élection, plusieurs cas de ce genre se sont produits, sans qu’il y ait eu de sanction exemplaire. C’est une situation inadmissible, qui peut modifier le verdict des urnes. Il faut donc porter une attention particulière sur la qualité et l’impartialité des membres des bureaux de vote, en ville comme à la campagne. 4. Saluons la mobilisation des observateurs nationaux et internationaux. Il y a des questions à vous adresser. Serez-vous présents dans les zones enclavées ? Auriez-vous la possibilité d'apprécier la neutralité des membres des bureaux de vote et des agents de l'État ? Pourrez-vous apporter des réponses aux rumeurs concernant les bureaux de vote fictifs, les électeurs fantômes, les électeurs rayés de la liste, la pratique de vote collectif dans les zones enclavées, le logiciel de la CENI, les bulletins pré-cochés ? Les 20 à 30% du taux d'observation que vous allez réaliser reflèteront-ils la réalité du scrutin sur tout le territoire, vous autorisant à confirmer le verdict des urnes ? Les réponses à ces questions, le public les attend à l’issue de vos observations. Désormais, l’élection présidentielle ne peut plus se dérouler dans l’indifférence de la population. L’éducation citoyenne et la libération des médias ont élevé la conscience citoyenne. Aux élections de 2018, le comportement de la majorité des électeurs ne sera plus le même qu’auparavant. Nous en sommes avertis : les candidats et les électeurs feront preuve de tolérance zéro au sujet des fraudes électorales ou de mauvaises organisations. Ensemble ressaisissons-nous pour que Madagascar n’entre pas dans une zone de turbulence mais dans une nouvelle ère, celle de la refondation de la République et de la relance du développement. Que le meilleur gagne. par André Rasolo
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