Hery Rajaoanarimampianina - « Je veux une nouvelle équipe »


Pour la troisième fois, le Président réclame une nouvelle équipe. Avec un tout nouveau gouvernement de consensus ses propos intriguent. Une nouvelle équipe. C’est la demande lancée par Hery Rajao­nari­mam­pianina, président de la République, à Toa­masina, samedi. Dans un discours prononcé dans le cadre de l’inauguration des rénovations d’une Ecole primaire publique (EPP), samedi, le chef de l’État lance « j’ai besoin d’une nouvelle équipe pour vaincre la pauvreté ». Ces mots du locataire d’Iavoloha intriguent vu le contexte de cohabitation au sein du pouvoir Exécutif. Pour en finir avec la crise politique, la Haute cour constitutionnelle (HCC), dans sa décision du 25 mai, a imposé la mise en place d’un gouvernement de consensus. Aussi, les différents courants antagonistes durant la crise, à savoir, le parti « Hery vaovao ho an’i Mada­gasikara » (HVM), et ses alliés, le Groupe des partisans de Andry Rajoelina (Mapar), et le « Tiako i Madagasikara » (TIM), siègent ensemble au sein du pouvoir. Comme l’a souligné le président de la République, « c’est la troisième fois », qu’il tient de pareils propos dans un discours officiel. Le critère qu’il met en exergue, à chaque fois, est qu’il veut « une équipe de vrais patriotes ». Une des fois précédentes où Hery Rajaonarimam­pianina a formulé ce souhait était dans un contexte où le gouvernement a été fortement critiqué pour ses écarts et défaillances. Une autre était au lendemain d’une fronde politique, où il avait des doutes sur la loyauté de certains de ses collaborateurs. Consensus Vu la composition du pouvoir Exécutif, d’aucuns semblent entendre à travers les dires du président de la République, un vœu de changement du gouvernement. L’incident intervenu durant la cérémonie d’inauguration de samedi, pourrait indiquer que le chef de l’État, et Christian Ntsay, Premier ministre, ne sont pas en symbiose. Le locataire d’Iavoloha a remis un bout du ruban inaugural à tous ceux qui l’ont tenu avec lui, sauf au locataire de Mahazoarivo. Martelant qu’il faut réapprendre à la nouvelle génération le respect des ainés, celui des autorités, des responsables étatiques, le Président ne semble pas digérer les invectives proférées par ses assaillants politiques. Certains qui siègent au sein du gouvernement ont été parmi ceux qui ont lancé les attaques verbales les plus virulentes contre le chef de l’État. La décision de la HCC empêche, toutefois, une initiative présidentielle de changer le gouvernement. Une démarche qui doit passer par un limogeage du Premier ministre. « Le Premier ministre, exerce ses attributions prévues par la loi fondamentale et reste en fonction jusqu’à l’investiture du nouveau président de la République et ne peut être révoqué que pour faute grave ou défaillance manifeste constatée par la Cour de céans », prescrit la HCC. Un simple remaniement du gouvernement n’est pas non plus aisé. La Constitution prévoit que le chef de l’État met fin aux fonctions des ministres « sur proposition du Premier ministre ». La nomination du locataire de Mahazoarivo et la mise en place du gouvernement, par ailleurs, découle d’un « accord politique ». Un acte qui permet de déroger à l’application intégrale de sa décision selon la HCC. Il semble peu probable que Hery Rajaonarimampianina se hasarde à engager un nouveau bras de fer avec ses adversaires politiques, surtout, quelques mois avant l’élection présidentielle. Le chef de l’État étant parmi ceux qui martèlent qu’une stabilité politique est nécessaire pour des élections crédibles. Face à la presse, samedi, le Président a déclaré s’en tenir au calendrier publié par le gouvernement de consensus dont le rôle, selon la HCC, sera d’organiser les élections. Au regard des enjeux vis-à-vis de la présidentielle, la portée du souhait fait par le chef de l’État impose des questionnements.
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