En attendant la mort


Enième cris de détresse lancé sur par le biais des médias et les réseaux sociaux pour tenter de sauver un énième malade. Cette fois-ci, parmi tant d’autres appels qu’on ne pourrait compter, celui d’un humoriste bien connu des Malgaches. Eric du duo « fou Hehy » est actuellement bien mal en point. Comme tant d’autres, pour ne pas dire comme la trop grande majorité de nos compatriotes, être malade est  pour lui une équation impossible. En effet, quasiment personne n’a assez d’épargne pour tenir plus d’une semaine à l’hôpital. Bien heureusement, pour Eric, un élan de générosité commence à porter ses fruits. Très bientôt, on espère que notre cher ami pourra se faire soigner à l’extérieur et nous sera de retour bien portant, prêt à nous raconter son aventure contre la mort avec le sourire. Seulement, des milliers d’autres sont en train de l’attendre cette mort d’une manière lente et atroce. Sans pouvoir, sans moyens, sans soutien et sans connaissance ni de réseau, ces milliers d’autres sont la proie d’un système qui fragilise encore plus, tue et arnaque les plus démunis. Au lieu de jouer les messies et des donateurs providentiels, il serait temps que nous dirigeants actent pour changer le système de santé par une vraie couverture sociale. La santé est l’apanage des riches. Les autres, tous les autres, attendent la mort. Un autre sujet qui à première vue n’a rien à avoir avec la situation décrite précédemment mais qui finalement est tout aussi grave. La scène fait pitié à voir : des gens qui se battent pour avoir quelques poignées de riz, d’autres qui volent des sacs entiers, des femmes avec des bébés à la main qui se déchirent pour un sac en plastique et quelques miettes de nourritures à l’intérieur. Le Président peut carrément dire « après moi, le déluge » car c’est ce qui s’est passé à Mahamasina. Une fois son discours fait, le « traditionnel » partage de miettes pour les familles pauvres a commencé et s’est très mal déroulé. Et là encore, il s’agit de système pourri, toujours le système. Ces gens, dans l’euphorie auraient vraiment pu s’entretuer pour une poignée de riz (au sens propre du terme). Dans les guéguerres politiques, le Président veut se montrer ou veut se convaincre lui-même, comme étant celui qui est le plus proche du petit peuple.  Alors, on organise pour lui des événements factices qui ne sont pourtant qu’une forme de corruption de manière subtile. Car s’il est important de nourrir les gens, pourquoi n’avoir pas mis en place un système pour que personne n’ait même plus besoin d’aller grappiller quelques  bouchées pour ne pas mourir de faim. « La charité est le moyen d'entretenir la pauvreté, de la fomenter, de la pérenniser » Vicente BlascoIbanez. Remercions ceux qui essaient tant bien que mal, avec des intérêts inavoués ou pas, de venir en aide aux plus faibles. Seulement, on ne peut se taire quand on voit que certains de ceux qui viennent en messie peuvent changer la donne d’une manière systémique et radicale. « Vaincre la pauvreté n’est pas un acte de charité, mais un acte de justice » disait Mandela. Nous dirons même : vaincre la pauvreté n’est pas un acte de charité pré-électorale, mais un acte de justice qui doit se faire durant tout le mandat de l’élu. Qu’il soit Président, Sénateur, Député ou n’importe quel autre politique, tous ont le devoir de redevabilité de changement du système. par Mbolatiana Raveloarimisa
Plus récente Plus ancienne