Vol de vanille - Des responsables locaux dans le viseur du gouvernement


Avec l'ouverture de la campagne de la vanille, l'OMC national a tenu une réunion, hier, pour mettre fin aux vols meurtriers des récoltes. Des responsables locaux encourent des sanctions sévères et des poursuites. Sans merci. C'est ainsi que Solonandrasana Olivier Maha­faly, Premier ministre, a qualifié la lutte que le gouvernement compte mener contre les vols de récoltes de vanille dans la partie Nord et Nord-Est de Mada­gascar. À entendre les propos du locataire de Mahazoa- rivo, des suspects sont identifiés. L'Exécutif semble avoir des responsables locaux dans sa ligne de mire. « Des responsables locaux trempent dans ces affaires illégales. De lourdes sanctions seront appliquées contre ceux dont l'appartenance ou la complicité avec ces réseaux sont prouvés », a déclaré le chef du gouvernement. Le vol des récoltes de vanille est un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur. Ce qui amène certaines familles à dormir dans les champs pour surveiller leur bien. La situation est toutefois devenue délétère depuis quelques mois, car les voleurs de vanille sont immédiatement lynchés à mort par les propriétaires, lorsque ce ne sont pas ces derniers qui sont victimes des sévices des brigands. L'envolée du cours de cet or noir de Mada­gascar sur le marché international serait la source de ce fléau. C'est dans cette conjoncture que la campagne de collecte et vente de vanille de cette année s'ouvre. Pour que la situation ne vire au bain de sang, l'Organe mixte de conception national (OMC-NAT) a tenu une réunion au palais d'État de Mahazoarivo, hier en fin d'après-midi. Conduit par le Premier ministre, cette entité est composée des ministres concernées par la Justice, la Défense et la Sécurité, ainsi que les commandants des forces de police et militaire. Elle est en charge de l'élaboration des stratégies sécuritaires sur le territoire nationale. Rassurer Il a ainsi été décidé que des sanctions sévères seront appliquées contre tous ceux qui sont impliqués dans les méfaits. L'accent a particulièrement été mis sur les soupçons d'implications d'autorités locales, envers qui les mots du Premier ministre ont été singulièrement sévères. « C'est une mise en garde (…), il n'y aura plus de circonstances atténuantes », a-t-il lancé. Des propos destinés aux représentants de l'État, mais probablement aux autorités élues également. La découverte de gousses de vanille verte volées au domicile d'un élu de Maroantsetra, après une fouille des gendarmes la semaine dernière par exemple, a failli embraser la ville. Les habitants ont voulu exfiltrer la personne de son lieu de garde à vue pour procéder à une vindicte populaire. Devant les journalistes hier, le chef du gouvernement a aussi mis en garde les responsables défaillants. « Ce qu'il y a, c'est que dans les régions et districts, il y a des personnes qui ne font pas leur travail et c'est l'État central, le président de la République qui en fait les frais. Cela n'est plus acceptable, il n'y a plus de place pour les tâtonnements. Des sanctions exemplaires seront aussi appliquées contre ceux qui ne font pas leur travail correctement, et ceux qui ne prennent pas leurs responsabilités », a soutenu Solonandrasana Olivier Mahafaly. Il a été déploré, hier à Mahazoarivo, par exemple, que les textes régissant le secteur de la vanille, notamment les sanctions prévues par le code contre les voleurs ne soient pas appliquées avec rigueur. Des remplacements, mais aussi « des poursuites » ont été annoncées. Dans un premier temps, l'OMC-NAT affirme que les gousses de vanille verte débusquées « seront immédiatement brûlées ». Une présence permanente des forces de l'ordre sera également de mise dans les régions concernées, afin de « rassurer la population ». Outre rétablir l'ordre, rassurer les citoyens et affirmer la présence de l'État sont les objectifs énoncés par le locataire de Mahazoarivo hier. Une descente gouvernementale sur terrain est même prévue. « L'État prend en main la situation, rassurez-vous », a indiqué le Premier ministre. Ces derniers jours, les chefs de l'Exécutif ont fustigé les autorités locales défaillantes et véreuses, brandissant la menace de sanctions exemplaires. Il faudrait, maintenant, passer à l'acte. Garry Fabrice Ranaivoson
Plus récente Plus ancienne