Disparition - Manandafy Rakotonirina finit sa marche


Manandafy Rakotonirina était un politicien influent. N’ayant jamais gouverné, il était redouté par ses adversaires. Ndao ! Cette courte phrase est naturellement associée aux Rouges et Experts. Une phrase que les adhérents et sympathisants du parti Mpitolona ho an’ny fandrosoan’i Mada­gasikara (MFM), au poing levé, vont désormais crier sans Manandafy Rakoto­nirina. La triste nouvelle a fait le tour des réseaux sociaux telle une trainée de poudre. « Mon père est décédé ce jour [ndlr : hier] à 10 heures », annonce son fils Mahery Lanto Manandafy dans les réseaux sociaux. A 81 ans, après son admission à l’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona Ampefiloha (HJRA), il a succombé à une embolie pulmonaire. Enseignant à l’Université, professeur de sociologie, Manandafy Rakotonirina était surtout connu sur l’échiquier politique. À chaque changement de régime comme ceux de 1972, 1991, 2002 et 2009, il était toujours parmi les principaux acteurs. Toutefois, il n’avait jamais gouverné malgré des tentatives à la présidentielle comme celle de 1989. Pendant la transition de 1991-1993, il était co-président du Conseil pour le redressement économique et social pour enchaîner sa carrière politique en tant que député élu à Manandriana. Frondeur Conseiller spécial du président de la République, nommé par téléphone Premier ministre pendant l’exil de Marc Ravalomanana en 2009, il n’avait jamais intégré l’Exécutif. Idéologue et théoricien, son influence dans la vie politique était redoutée par ses adversaires. Après avoir dissous le parti MFM en 1976 et mis Manandafy Rakotonirina en résidence surveillée jusqu’en 1977, l’amiral rouge l’avait nommé au sein du Conseil supérieur de la révolution (CSR) en intégrant le parti MFM au sein du Front national pour la défense de la révolution. « Mieux vaut être avec lui que contre lui », reconnaît Didier Ratsiraka. Cette alliance n’a pas survécu avec le vent de la démocratie des années 1990. Il était l’un des leaders du mouvement populaire de 1991 aux côtés des feux Richard Andriamanjato, Albert Zafy, le général Jean Rakotoarison. Frondeur né, Manandafy Rakotonirina avait plusieurs séjours en prison. La plus récente a été son arrestation spectaculaire médiatisée dans un grand hôtel à Anosy. Toutefois, fidèle à ses idéologies, il n’avait jamais fait de la politique pour s’enrichir. Avec la disparition du leader, la survie du parti MFM intéresse les observateurs. Les bénéficiaires des séances « d’éducation politique » des belles années du parti ont actuellement tous un certain âge. Ainsi, il est attendu une relève capable de mobiliser un mouvement avec une simple phrase : Ndao !  
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