Criminels fantômes


La gendarmerie a relancé un avis de recherche contre le pasteur Marc Tatandraza, auteur de viols contre mineurs et kidnapping. Un premier avis a été lancé en 2017 mais le pasteur nargue les forces de l’ordre entre un enterrement en bonne et due forme et une résurrection qui n’a rien à envier à celle du king de Nazareth. Une histoire qui anime et irrite les réseaux sociaux. L’indignation est générale face aux provocations de l’énergumène qui annonce sa candidature à la présidentielle à son « reveil ». Cela fait donc un an que la gendarmerie court derrière ce pasteur pas comme les autres. « Il est introuvable » peut-on lire sur la page Facebook de la gendarmerie nationale qui fait appel à la collaboration des particuliers et qui essuie des commentaires défavorables par rapport à cette inefficacité. On reproche à la gendarmerie son inertie et son manque de volonté évident pour mettre la main sur ce perturbateur de l’ordre public. Autant la gendarmerie est peu encline à mettre hors d’état de nuire des criminels de cette espèce, autant elle fait preuve d’une célérité exemplaire pour identifier et neutraliser les auteurs d’insolence et de manque de respect envers le Président sur les réseaux sociaux. Pour le moment, le pasteur Marc Tatandraza n’a pas à s’inquiéter. Les forces de l’ordre semblent avoir d’autres chats à fouetter pour s’attarder sur son cas. Il n’est d’ailleurs pas le seul criminel fantôme à jouir d’une relative liberté. Le colonel Lylison, contre qui un mandat d’arrêt a été émis, reste également introuvable depuis presque deux ans, tout en restant bel et bien à Madagascar où on peut bien s’évader d’une prison au nez et a la barbe des agents pénitentiaires et quitter le pays à bord d’une barque. On se demande combien de jours les forces de l’ordre vont mettre pour arrêter Ravalomanana condamné à la prison à perpétuité pour la crise de 2009. Un dur retour de manivelle pour celui qui a condamné Ratsiraka, Pierrot Rajaonarivelo, Tantely Andrianarivo et bien d’autres, lors de la crise de 2002. À l’époque, les forces de l’ordre avaient fini par arrêter le Général Andrianafidisoa et Pety Rakotoniaina objets d’un mandat d’arrêt et qui avaient réussi à semer la gendarmerie et la police pendant quelques semaines avant de se faire coincer. Autrement dit on ne peut pas se soustraire indéfiniment aux forces de l’ordre tant qu’on se trouve à l’intérieur du pays. Du moins quand les forces de l’ordre veulent bien s’y mettre. Ce qui n’est pas le cas concernant certains criminels fantômes qui continuent à circuler presque librement. On ignore pour quelle raison. Quand on voit les moyens mis par le pasteur Tatandraza pour réaliser son film et sa communication, on peut avoir un début d’explication sur sa capacité à se faufiler entre les mailles du filet des forces de l’ordre. En tout cas la liberté prise par le pasteur illustre la dégénérescence de l’autorité de l’État et la faillite de l’Église. Tout le monde fait ce qui lui plaît sans risquer quoi que ce soit, même en jouant au blasphème. Par Sylvain Ranjalahy
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