Les curiosités du Sud-ouest malgache


Au cours de leur voyage dans le Sud-ouest,  Raymond Decary et Urbain Faurec passent sur Nosy Ve, toujours dans la Baie de Saint-Augustin. Mesurant 1 500 mètres de long sur 300 mètres de large, l’ilot est une terre basse et sablonneuse, couverte d’herbes et entourée d’un récif corallien, ne possédant ni puits ni source d’eau douce. Sa végétation n’est composée que de buissons épineux et d’euphorbiacées. On accède à Toliara, capitale du Sud-ouest, par des goélettes et de la rive toute proche, par des embarcations locales. Dès le XVIe siècle, Nosy Ve est une base d’escale pour les navires qui se rendent aux Indes et, de 1690 à 1720, elle constitue un point de relâche pour les forbans à Saint-Augustin. Plus tard, en 1888, une vice-résidence est créée à Nosy Ve où les commerçants européens et hindous installent leurs entrepôts pour fuir les violences des habitants de la côte. « Depuis 1897, l’îlot est inhabité et n’est plus fréquenté que par des pêcheurs vezo. Il ne reste que quelques tombes, dans un vieux cimetière » (Raymond Decary et Urbain Faurec, au cours de la première moitié du XXe siècle). Non loin de la baie historique de Saint-Augustin, à une quinzaine de kilomètres au sud de Toliara, les collines calcaires bordent la côte. Elles cachent dans leur épaisseur un cours d’eau souterrain qui aboutit à la mer par quatre résurgences sur un espace de 200 mètres. Deux d’entre elles se trouvent à l’intérieur de grottes creusées dans le rocher. L’une dite la Piscine a une voûte partiellement effondrée et forme une sorte de gouffre ; l’autre, connue sous le nom de Beloza, présente un accès plus difficile et est considérée comme « fady » par les populations locales. Un petit lac situé au fond de la cavité s’écoule dans les profondeurs des calcaires. Son eau se jette dans le cours qui aboutit lui-même à la Piscine. La croyance locale ne manque pas d’animer ce site pittoresque d’êtres légendaires. Ainsi Beloza est la demeure de la fée de Sarandrano. C’est une jeune femme au teint clair, qui voyage toujours armée d’une sagaie et escortée par une chèvre. Poursuivie, il y a longtemps, par des marins européens débarqués à Saint-Augustin, elle se réfugie dans la grotte. De là, elle fait pleuvoir sur les hommes acharnés à sa conquête une grêle de rochers, encore visibles à l’entrée ! Toujours dans la même région, un beau ficus de l’espèce figuier de l’Inde mais connu sous le nom de Multipliant ou de banyan constitue une curiosité près de Toliara. C’est celui de Miary, dans la vallée du Fiherenana. L’arbre constitue à lui seul un véritable bosquet qui n’a pas moins de 60 à 70 mètres de diamètre. De toutes parts, les racines aériennes pendent comme des cordages vers le sol. D’autres qui ont déjà pénétré en terre, ont grossi et deviennent elles-mêmes de gros troncs. « Au reste, la souche initiale qui est à l’origine de cette féconde descendance, est peut-être morte, car celle-ci s’est divisée aujourd’hui en une vingtaine de rejetons. » L’on comprend que les hommes aient parfois éprouvé une sorte de crainte religieuse devant ces étranges figuiers qui donnent naissance, sous leur ombre épaisse mystérieuse, à des racines descendant des plus hautes branches comme des serpents rigides et menaçants. Cela ramène les deux scientifiques français à Lamartine et ses « Harmonies poétiques et religieuses » : «  Ses bras que le temps multiplie Comme un lutteur qui se replie Pour mieux se lancer en avant, Jetant leurs coudes en arrière, Se recourbent dans la carrière Pour mieux porter le poids du vent ». Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles
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