Le MMF en ordre dispersé


La marge de manœuvre de l'opposition semble s'être réduite. Après un essai de rassemblement au sein du MMF, la tendance semble être aux actions éparses. Chacun pour soi. La fédération des entités d'opposition s'étant baptisé « Malagasy mivondrona ho an'ny fanorenena ifotony » (MMF), se fait discrète depuis quelques semaines. Les actions éparses des courants politiques membres de cette fédération des opposants sont, dernièrement, plus en vue. Le mouvement « Dinika ho an'ny fanavotam-pirenena » (DFP), membre du MMF, par exemple, depuis quelques jours, multiplie les sorties médiatiques pour faire part des préparatifs et annoncer la tenue d'« une concertation nationale », pour la refondation du système étatique. Un rendez-vous qui, selon Maharavo Ratolo­janahary, l'un des chefs de file de ce projet, devrait se tenir aux environs du 25 au 30 octobre. Une autre entité qui se présente sous le blason « Tolona ho an'ny fanorenana ifotony » (TFI), a, égale­ment, fait part de son initiative pour la refondation, hier. Les figures du TFI comme Joseph Yoland, ont ratissé les plateaux des chaînes de télévision, hier, pour convier « la population », à un rendez-vous de réflexion et d'échanges qu'ils organisent, mardi, à Antanina­renina. Si le DFP table sur la refondation du système de gouvernance étatique, le TFI, lui, mise sur celle du système économique et financier. Deux objectifs qui semblent convergés mais portés, toutefois, par deux initiatives différentes. Un fait qui résume la situation au sein du MMF. La dernière intention d'action commune des mem­bres du MMF est la tentative avortée de tenir une manifestation publique au gymnase de Mahamasina, le 24 septembre. « Le problème est qu'il y a une différence d'approche et d'action », concède Maharavo Ratolojanahary. Selon ses explications, il aurait été décidé au sein de cette fédération politique que le DFP s'occupe de l'organisation de la concertation nationale. Véto Le mouvement « Mitsan­gàna ry malagasy » (M-MRM), quant à lui, s'active pour obtenir une  adhésion populaire aux objectifs de « l'opposition », et mettre la pression sur le pouvoir par le biais de manifestations publiques. « Nous, au sein du DFP, n'avons pas les élections comme objectif. Notre priorité est que les malgaches puissent définir, eux-mêmes, le système de gouvernance qui leur convient et que l'on mette fin aux abus et illégalités perpétrés par le pouvoir actuel », explique Maharavo Ratolojanahary. Les ténors du M-MRM, toutefois, roulent pour des élections anticipées, notamment, la présidentielle, avant toute chose. Si l'objectif commun aux membres du MMF est de défaire le pouvoir, cette différence de point, entre les diverses entités membres, sur la démarche à adopter pour y parvenir avait déjà motivé le scepticisme des observateurs lors de l'annonce de la création de cette fédération des opposants. Un doute qui tend à se confirmer au regard des fait actuels. « Le MMF étant une fédération, chaque entité ou personnalité membre peut agir en son nom propre, mais elle est soutenue par tous les mem­bres », avait défendu Holijaona Raboanarijaona, chargé de la communication de cette formation politique, lors d'un entretien téléphonique publié le 3 octobre. L'initia­teur d'Émergence Mada­gascar avait ajouté que l'accalmie des actions sur terrain est « pour démontrer que contrairement à ce que certains veulent faire croire, il n’y a pas d’intention de coup d’État (…) ». Au début des manifestations à Andrefan'Ambohi­janahary, défaire le pouvoir était l'objectif martelé par le M-MRM qui a impulsé l'élan des opposants et la création du  MMF. Certains appelaient même à la sédition. La défense érigée par la communauté internationale autour de l'administration Rajaonarimampianina, semble pourtant avoir réduit la marge de manœuvre des frondeurs. La réduction de leur prétention à une démission présidentielle et des élections anticipées, n'a pas levé le véto international. À cela s'ajoute l'absence d'engouement populaire tant escompté pour booster le mouvement. Une conjoncture qui expliquerait cette perte de vitesse de l'opposition et l'initiative de certains de chercher des voies annexes pour, probablement, éviter de perdre la face. Garry Fabrice Ranaivoson
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