Crise - Le Premier ministre lance un appel à l’apaisement


Le locataire de Mahazoarivo demande aux acteurs politiques d’œuvrer pour l’apaisement. Une consigne signifiée au gouvernement, hier. Nous n’avons pas le choix. Selon Christian Ntsay, Premier ministre, pour parvenir à des élections crédibles et acceptées de tous, il n’y a pas d’autres alternatives que d’œuvrer pour l’apaisement. Une ligne de conduite édictée aux membres de son équipe, hier, lors du premier conseil de gouvernement qui s’est tenu au palais d’État de Mahazoarivo. Une première, le locataire des lieux a clôturé ce conseil du gouvernement inaugural par une conférence de presse. Il a expliqué que le conseil avait surtout servi à mettre tous les ministres au diapason sur l’action dans le sens de l’apaisement. « Notre pays a besoin d’apaisement, cela nécessite une prise de responsabilité de chaque individu, de chaque responsable politique. Aller vers les élections requiert le retour à la paix à travers l’apaisement, la sécurité et l’amélioration de la gouvernance publique. Le gouvernement travaillera dans ce sens », déclare le chef du gouvernement. Selon ses explications, il a été demandé aux mem­bres du team Ntsay d’écouter leurs collaborateurs, l’opinion publique, ou encore d’engager des dialogues sociaux. « J’ai demandé à ce qu’il n’y ait pas de représailles, de chasse aux sorcières, comme la cessation de solde ou les sanctions disciplinaires », ajoute le Premier ministre. La formation du gouvernement a été suivie d’une forte contestation déclenchée par les députés pour le changement, dont des camarades parlementaires et politiques ont, pourtant, été nommés ministres. « L’éviction des ministres redoublants que sont ceux du « Hery vaovao ho an’i Madagasikara (HVM) », est la principale revendication martelée. Une exigence reprise par des organisations syndicales. La reconduction, ou la nomination de certaines personnalités dont le sens moral et la probité ont été fortement critiqués, intrigue effectivement. Pourtant, il a été affirmé, la semaine passée, que le mouvement du Treize-Mai prendrait fin, une fois le nouveau gouvernement en place. Insatisfait par la composition de l’équipe, le reste des soixante-treize députés, s’est rebiffé et a radicalisé le mouvement sur le parvis de l’hôtel de ville d’Antananarivo. Gouvernement de la République Après le ministère de l’Enseignement supérieur, hier, le député Arnaud Tody, par exemple, compte même organiser une marche sur le palais d’État de Mahazoarivo, aujourd’hui, afin d’exiger du Premier ministre qu’il éjecte les ministres HVM de son équipe. « Nous allons y aller. Nous verrons alors s’il est vraiment des nôtres, ou s’il utilisera la force contre une manifestation pacifique », fulmine l’élu de Soanierana-Ivongo. Alors que les détracteurs du gouvernement affirment à Analakely, que leurs leaders politiques partagent leur position, leurs représentants au sein du gouvernement accompagnés de quelques députés pour le changement, se sont fièrement installés dans leurs nouvelles fonctions gouvernementales. Les orateurs sur le parvis d’Analakely tendent à insister sur le fait que, comme le Premier ministre a été présenté par l’une des entités politiques qui mènent le mouvement, ils devraient pouvoir lui dicter sa ligne de conduite. De même, pour le gouvernement qui devrait être, selon eux, l’apanage du mouvement pour le changement. Aussi, tout acteur extérieur aux manifestations du Treize-Mai ne devrait pas avoir voix au chapitre. Il semble qu’ils veuillent se partager les sièges ministériels entre eux. « Je suis un Premier ministre de consensus. C’est un gouvernement de la République de Mada­gascar », rétorque le locataire de Mahazoarivo. « Le caractère consensuel prescrit par la Haute cour constitutionnelle (HCC) n’a pas de sens si nous plaidons l’exclusion », ajoute le Premier ministre qui lance un appel au sens de la responsabilité de tous les acteurs pour agir dans le sens de l’apaisement dans le pays. La solidarité gouvernementale pourrait imposer à tous les ministres d’agir dans le même sens, sinon de quitter les rangs. La démission ne semble, toutefois, pas encore dans l’idée des ministres issus des manifestations d’Analakely. Ces derniers sont, de prime abord, les plus à même de convaincre leurs camarades de baisser le ton.
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