Kidnapac


Trois conseillers de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina arrêtés et incarcérés à Tsiafahy en une semaine. Si ce n’est une vengeance politique, ça y ressemble fort. C’est d’autant plus frappant que le mode opératoire rappelle l’époque sombre de la Transition. Un fort relent des méthodes des Forces d’intervention spéciales dont le retour a été, d’ailleurs, annoncé s’est émané à Ampasanimalo, Ivandry et Antsahabe. Des arrestations musclées contre des personnes presque inoffensives avec des effets spéciaux pour épater la galerie. La scène n’a rien à envier aux enlèvements d’Indiens perpétrés par les ravisseurs. Celle de Mbola Rajaonah à Antsahabe a indigné l’opinion en général. Une arrestation sans mandat dont la paternité est reniée aussi bien par le parquet que par le Pôle anti-corruption et le Bianco. La police s’est contentée d’affirmer qu’il s’agit de l’exécution d’un ordre d’en haut. De qui justement ? Qui d’autres que le procureur ou les instances judiciaires peut procéder à une arrestation ? Difficile de croire, en tout cas, qu’il s’agit d’une pure coïncidence que trois conseillers de l’ancien président se fassent coffrer en une semaine. On ne sort pas d’un régime corrompu jusqu’aux os pour entrer dans un autre où l’arbitraire et l’État de droit sont synonymes, où la loi du plus fort sert de code pénal. Personne n’est contre l’assainissement, tout le monde réclame la fin de l’impunité mais les mesures prises doivent aller dans le sens du droit sans discrimination ni préférence. Les réseaux sociaux ne doivent pas servir de juge pour décider du sort de quelqu’un. Il faut mettre la forme pour que les décisions ne prennent pas l’allure d’harcèlement politique. À l’allure où vont les arrestations, d’autres conseillers vont y passer de façon implacable. C’est visiblement devenu la principale priorité même si elles n’ont pas figuré dans le projet IEM. Beaucoup de majors de l’ancien régime doivent trembler maintenant et perdre leur sommeil. Ils ont intérêt à éviter les parkings des sociétés de distribution pour éviter les mauvaises surprises. Ils ne sont certainement pas blancs comme neige, loin s’en faut, comme c’est également le cas de certains supporters du régime reconvertis à la dernière minute après avoir mangé dans le même plat que les soi-disant voleurs pendant cinq ans. On verra si les arrestations vont concerner tous ceux qui ont abusé la population ou si elles vont rester sélectives. De l’audace du pouvoir à loger tout le monde à la même enseigne dépendra la crédibilité de la lutte contre la corruption et le trafic. Autrement cela restera du tape à l’œil, des mesures superficielles qui ne pourront pas éradiquer le mal à sa racine. Ce ne sont pas les gros clients qui manquent. Il suffit de regarder dans une vieille liste remise au président par l’ancien Premier ministre Omer Beriziky. Elle n’est pas encore frappée de péremption.
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