Ressources naturelles - L’ampleur du trafic de bois de rose mise à nu


Des chiffres qui donnent le tournis. L’étude publiée hier par l’organisation non-gouvernementale de défense de l’environnement, Traffic, met à nu l’ampleur du trafic illicite de bois de rose à Madagascar entre 2010 et 2015. Selon cette étude intitulée L’île aux bois : Com­merce de bois de rose et de bois d’ébène de Madagascar, « au moins 350 000 arbres ont été abattus illégalement à l’intérieur des aires protégées et au moins 150 000 tonnes de grumes, soit un million de rondins, ont été exportées illégalement vers diverses destinations dont la Chine, la Malaisie et Maurice au cours de cette période de 5 ans ». Une situation tellement catastrophique que Roland Melish de Traffic en vienne à dire que « cela prendra des années pour que l’environnement puisse s’en remettre ». Situation anarchique Dans un rapport d’une centaine de pages, Traffic détaille les différentes causes « d’une situation anarchique sans contrôle ». La mauvaise gouvernance et la corruption sont évidemment les premiers facteurs soulevés. Mais l’étude parle également d’une « combinaison de l’instabilité politique, de la mauvaise gestion gouvernementale, d’un manque de contrôles des opérations forestières et d’une incapacité à imposer des sanctions punitives à l’encontre des trafiquants bien connus ». Est également noté le « décalage entre les décisions de gestion, c'est-à-dire les déclarations politiques et les engagements internationaux, et leur mise en œuvre sur le terrain ». Car Madagascar a beau annoncer sa volonté de combattre le trafic de bois précieux, celui-ci n’a jamais tout à fait cessé. Des tentatives d’exportation de bois de rose viennent encore récemment d’être déjouées par les autorités. Du côté des acteurs de la lutte, on parle d’une activité en stand by, n’attendant qu’un léger relâchement de la vigilance des autorités pour reprendre de plus belle. L’impunité semble d’ailleurs la règle en matière de trafic de bois de rose. Il a fallu attendre les menaces de sanctions économiques brandies par le secrétariat permanent de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore en voie d’extinction pour que le gouvernement fasse quelques gestes à l’encontre des présumés trafiquants. Bodo Voahangy
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