Comité de vigilance pour les élections - Méfiance envers le pouvoir


Entités politiques et civiles se sont regroupées. Les craintes quant à la version finale des textes électoraux rédigée par le pouvoir sont martelées. Appréhensions. Partis politiques et certaines entités de la société civile se sont regroupés au sein d'une entité dénommée Comité de vigilance démocratique pour les élections (CVDE). Une organisation dont le rôle, selon les déclarations faites à la presse, hier à l'hôtel Colbert Antani­narenina, serait de faire un suivi de la prise en compte par le pouvoir de ses recommandations quant au contenu des nouvelles lois électorales. Ce marquage à la culotte que le CVDE compte faire, alors que l'on entre dans le « money time », du processus de refonte du cadre juridique des élections, serait essentiellement motivé par l'absence de confiance envers le pouvoir Exécutif. Sur la base d'un précédent qu'est le code de la communication, « nous évoquons nos doutes et suspicions d'un changement de nos propositions par le gouvernement avant sa présentation au conseil des ministres, et son adoption par les deux Chambres parlementaires ». Le processus de réforme de cadre juridique des élections a démarré par une série d'ateliers de consultation de plusieurs acteurs, dont les entités politiques et la société civile, organisée par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). L'élaboration du code de la communication est passée par le même cheminement. Seulement, une fois au niveau du pouvoir Exécutif, plusieurs points des recommandations faites durant les consultations ont été écartés ou dévoyés. Acceptabilité Les membres du Comité craignent alors que les nouveaux textes électoraux connaissent la même issue. Aussi, le CVDE, depuis quelques jours, mène une campagne médiatique pour exiger que les avant-projets de textes électoraux soient rendus publics avant leur adoption par le conseil des ministres et leur dépôt au Parlement. Dans son rendez-vous hebdomadaire sur sa page Youtube vendredi, Hery Rajaonarimampianina, président de la République, a déclaré que « les réformes et les rectifications effectuées seront publiées pour que tous les Malgaches en soient informés ». Il a ajouté : « Nous espérons que la réalisation de tout cela soit une garantie pour écarter toute crainte, et pour que l'on puisse poursuivre les efforts pour enraciner l'apaisement ». Des mots qui ne semblent pas avoir suffi à rassurer les membres du Comité qui campent sur leur exigence. « Notre mandat ne nous permet pas de publier les textes avant qu'ils soient validés par l'Exécutif. Le cheminement normal de l'élaboration d'un projet de loi serait que ce soit sur le texte adopté par l'Exécutif que se portent les débats, avant qu'il ne soit présenté au Parlement », explique une source auprès du comité interministériel chargé de la rédaction des avant-projets de textes électoraux. Cette dernière s'interroge, par ailleurs, sur « la légitimité des entités politiques et civiles pour qu'ils puissent exiger de l'Exécutif qu'il s'en tienne strictement à leurs recommandations ». Questionné sur le sujet hier, les membres du CVDE affirment que leur légitimité découle du fait qu'ils sont « parmi les principaux acteurs électoraux ». Se présentant comme représentatif d'une bonne partie de l'arène politique, notamment, le Comité semble plus pressant envers l'Exécutif que le Parlement. Le dernier mot sur ces textes appartiendra pourtant, aux parlementaires. L'absence de confiance en une conscience de l'intérêt général chez les parlementaires, a été avancée comme explication. « Nous savons tous que les projets de loi présentés au Parlement sont adoptés à l'aveuglette », a-t-on entendu hier. Le lobbying médiatique mené par le comité servirait ainsi à « marteler les enjeux de l'acceptabilité des nouveaux textes pour l'apaisement des élections ». Certains faits récents indiquent que l'Assemblée nationale est de plus en plus perméable aux avis de l'opinion publique. De prime abord, ce serait dû à des chamboulements de certaines obédiences à Tsimbazaza. La ligne dure de la majorité écrasante pro-pouvoir, au Sénat, pourrait toutefois doucher toute ouverture aux différentes voix autres que celle de l'Exécutif. Garry Fabrice Ranaivoson
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