Insécurité - La circulation des armes hors de contrôle


L’une des raisons de l’insécurité dans le pays est la prolifération des armes. Plusieurs acteurs cogitent sur la manière d’arrêter l’hémorragie. L’heure est grave. « C’est une situation hors de contrôle », déclare Seth Andria-marohasina, rapporteur de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH). Un constat effrayant que le commissaire de la CNIDH concède au sujet de la prolifération des armes à feu dans le pays. C’est, aussi, un constat qui est ressorti des exposés et échanges lors d’un atelier sur la lutte contre la prolifération des armes, hier, à l’hôtel Ibis, Ankorondrano. Sous la houlette du ministère de la Défense nationale et du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC), les cogitations ont porté sur la manière de maîtriser la circulation des armes dans le pays. Des chiffres dits, hier, donnent un aperçu de l’ampleur du fléau. Une centaine d’armes est saisie par les Forces de défense et de sécurité (FDS), chaque année, par exemple. La grande majorité des actes de banditismes perpétrés en zone rurale et urbaine sont, pourtant, des attaques à main armée. A l’instar des cent-seize cas de kidnappings répertoriés, jusqu’ici, des méfaits sont commis avec des armes de guerre. Entre armes artisanales, arsenaux acquis par le biais des trafics, des recels ou des réserves militaires pillées, les malfaiteurs ont l’embarra du choix. Lors des échanges, il a été soulevé que le quota du seul entrepreneur autorisé à importer et vendre des armes à des civils à Madagascar est de cent baikals par an. Une cargaison de six-cent fusils que des trafiquants ont tenté de faire entrer clandestinement à Ivato, par exemple, a déjà été saisie. Responsabilité Ce qui impliquerait que les fusils issus des contrebandes en circulation sont largement plus nombreux que ceux en règle. La majorité des armes en circulation dans la Grande île seraient « non marquées », c’est-à-dire illégales, non répertoriés, ou dont les numéros de série ont été effacés. Outre les confections artisanales, la porosité des frontières, surtout, maritimes, ou encore, les crises politiques ont laissé une brèche pour les pilleurs des dépôts d’armes des FDS. Un événement à Anosibe, mardi, indique, toutefois, que les armureries des casernes militaires sont, toujours, vulnérables. Pour essayer d’arrêter l’hémorragie, le ministère de la Défense nationale prévoit un mois d’amnistie. A partie de la semaine prochaine et jusqu’au mois d’octobre, les détenteurs illégaux d’armes à feu peuvent se présenter aux bureaux de la Défense afin de les régulariser. Ceux qui ont des armes artisanales ou armes de guerres peuvent les remettre aux autorités sans crainte de poursuite. « Une fois le mois de l’amnistie écoulée, la loi sera, à nouveau, appliquée contre ceux qui seront pris en possession d’arme illégale», indique le général Rarasoa Ralaialomady, directeur de la communication au ministère de la Défense nationale. Plusieurs étapes de solutions ont, par ailleurs, été avancées, hier, pour maîtriser la circulation des armes. L’une d’elle est la mise en place effective d’une Commission nationale de désarmement. L’objectif est d’impliquer plusieurs acteurs dans le défi. « La question sur les armes ne peut plus être réduite aux FDS», est un autre constat fait, hier. La responsabilisation des citoyens dans le contrôle et, le cas échéant, la dénonciation des délinquants est une des solutions soulevées. L’appui citoyen est, justement, fréquemment sollicité par les responsables des FDS et réitéré par le général Béni Xavier Rasolofonirina, ministre de la Défense nationale, hier.
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