Tableau noir, est-ce qu'on est Kit ?


Reprise des classes dans tout Madagascar. De retour sur les bancs, on sait pertinemment pourtant que tous ne finiront pas l’année scolaire. On pourrait déblatérer des heures et des heures durant sur le sujet de l’abandon scolaire. Malgré la bonne volonté des gamins et des parents, le tableau est noir. Il y ceux qui n’ont même pas fini la première semaine. En effet, au bout de deux ou trois jours, des enfants ont été mis à la porte car ils ne répondent aux normes imposées par les écoles. Il y a lieu de le dire, les écoles sont des faiseurs de « tous pareils » et non des « individus uniques ». Le manque de moyens financiers est l’une des plus grandes problématiques qui poussent les parents à arrêter la scolarisation de leur progéniture. Pour cette année, on peut se demander si de vraies réponses structurelles ont été prises afin d’espérer de bons résultats sans trucage dans les notes des examens. Taux de réussite dites-vous   Taux de décadence à vrai dire. En attendant de vraiment faire face, l’on préfère se leurrer par des solutions tip-top. Venant en messie pour « secourir » les pauvres parents, on enlève une épine au pied tout en enfonçant un couteau dans le dos des enfants. Se vanter que l’octroi de ces fournitures scolaires est l’aboutissement d’une fructueuse collaboration avec les partenaires, on ignore que l’on met sur le dos des gamins des dettes à payer alors qu’ils n’iront même pas plus loin que le secondaire. Programme d’appui d’urgence à l’éducation pour tous (Pauet), comme si on ne savait pas que chaque année, il y a des milliers d’enfants qui vont à l’école. Alors, pourquoi le traiter dans l’urgence La distribution des kits scolaires aux élèves des EPP traduirait la priorité accordée au secteur de l’éducation. Le meilleur appui aux efforts des parents pour la scolarisation de leurs enfants ne serait-il pas de leur garantir une scolarité effective et de qualité tout au long d’une année scolaire, tout au long de la vie estudiantine de l’enfant voire jusqu’à un débouché professionnel adapté à notre contexte. De plus, n’est-il pas aussi important de répondre aux besoins spéci­fiques d’enseignement de chaque enfant au lieu de faire des gesticulations médiatiques dans l’urgence. Au vu des grands titres concernant les dépenses que notre État va engager pour les évènements qui vont très bientôt se tenir au pays, il est certain que ce n’est pas l’argent qui manque. Tout est certainement question de choix. Payer des coûts de restauration exorbitants pour des gens qui passent ou supporter financièrement des restructurations à un système éducatif en train de mourir. Si on fait un calcul assez simple, très sûrement, chaque plat servi vaut plus cher que l’équipement qu’on a donné à chaque enfant dans la brousse. Il est très facile de signer un chèque quand on sait qu’on va manger, plus facile de faire le tip-top dans l’urgence, un peu moins quand le chèque ira à des enfants qui ne sont pas les nôtres ou ceux de connaissances. Alors, on est Kit ? Par Mbolatiana Raveloarimisa
Plus récente Plus ancienne