Le Sud-est, pays des populations arabisantes


Il est de notoriété que les origines des diverses populations de la Grande île sont, selon les historiens, essentiellement de trois sortes. Il y a d’abord les groupes ethniques d’origine arabe. Les Antambahoaka constituent le premier groupe des Zafi-Raminia, l’ancêtre Raminia étant venu d’Imaka, La Mecque, dit-on. Premiers arabisants survenus dans la région, les Antambahoaka connaissent une première période de puissance. « Installés dans le pays du Mananjary, du Namorona et de la Faraony, ils ont encadré les populations primitives. » Par la suite, étant « peu guerriers », ils perdent leur autorité sur les clans qu’ils ont soumis et se regroupent dans la basse vallée du Mananjary. Les historiens mettent en exergue l’importance des valeurs de civilisations islamiques qu’ils transmettent dans le pays, dialecte, écriture des Sorabe… Selon la tradition, leurs clans seraient à l’origine de nombreuses lignées royales du pays du Sud-est. Mais « l’anthropologie montre le brassage des populations dans cette région de la frange côtière ». Viennent ensuite les Antemoro. Ils assurent que leur Ancêtre, le sultan Ramakararo, venant aussi de La Mecque, aurait débarqué dans l’embouchure de la Matitanana à Ambohabe. Mais plus belliqueux, ils auraient peu à peu enlevé ces anciennes populations à l’autorité des nobles antambahoaka et la féodalité antemoro s’étend, à son tour, sur les pays de la Faraony et sur ceux du Namorona. Comme les Antambahoaka, les Antemoro intègrent dans une nouvelle organisation, des groupes humains qui appartiennent aux premières populations, car « leurs princes, les Anteoni, sont un bon exemple d’organisation féodale ». Leur souverain, celui auquel tous doivent respect et obéissance, devient alors l’Andrianoni, le Mpanjaka suprême, le chef politique et religieux, et sa capitale, Ivato, finit par dominer les autres. « Des relations existaient au début du XIXe siècle entre la Cour d’Ivato et celle d’Andrianampoinimerina. » Les Antemoro contrôlent en outre, une partie de la façade maritime et, surtout, les échanges commerciaux de la Basse-Matsiatra. Les Antalaotra Antemoro diffusent dans l’ile, des pratiques de magie, de médecine, les sikidy et les ody, tandis que leurs ombiasy sont célèbres un peu partout. En effet, leur capacité à lire des recettes, d’inscrire leurs prescriptions dans des manuscrits semblables aux Sorabe, leur confère « un prestige et un respect considérable à une époque où l’écriture était inconnue ». Et « le mystère dont ils entourent leurs pratiques, les faisaient craindre». Les Antemoro Anakara conservent une langue arabe déformée qui pourrait bien être un échantillon de celle d’immigrants arabisants à leur arrivée dans le pays. « Chaque clan a son tombeau collectif, le Kiboro, qui matérialise la solidité du groupe par-delà les générations. » Enfin, les Antanosy, comme les Antambahoaka, sont des Zafi-Raminia. Ils encadrent plus au Sud, des populations déjà établies dans l’Anosy. Leur féodalité guerrière reconnait comme suzerain le roi de Fanjahira. Séparés des deux premiers groupes par d’autres clans, ils oublient presque totalement l’écriture et les pratiques divinatoires. « Ainsi, on voit que les valeurs de civilisation arabisantes, commune au début, s’atténuèrent peu à peu chez ceux qui se trouvaient plus éloignés du pôle d’islamisation. » Par contre, la proximité du Fort Dauphin et les contacts plus 14fréquents avec les commerçants et les chefs militaires français perturbent la féodalité antanosy. « Les alliances, les échanges commerciaux alternèrent avec les tromperies et les massacres réciproques. » De nombreux chefs Raondriana trouvent la mort dans ces combats. « L’aventure du Rochelais La Case est significative car, de 1656 à 1671, il n’arrive pas à améliorer les rapports entre Français et malgaches », alors que pour avoir épousé une princesse locale, il est devenu lui-même prince.
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