Trafic de Bois de rose - Ouverture de la pêche aux gros poissons


La Chaîne spéciale de lutte contre le trafic de bois de rose et d’ébène est en place. Elle devrait mettre fin à l’impunité des gros bonnets. La traque est ouverte. En octobre 2017, selon Liva Hariniaina Ramiandrarivo, secrétaire général du ministère de l’Envi­ronnement, dans un rapport adressé à l’État malgache, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), recommande que des criminels de haut niveau devraient être mis en cause dans la lutte contre le trafic de bois précieux. La traque des barons de l’exploitation, le transport et le commerce illicite de cette ressource naturelle devrait revenir à la Chaîne spéciale de lutte contre le trafic de bois de rose et d’ébène. Le rôle de cette juridiction spéciale ayant statut de Cour est de renforcer la guerre contre les trafiquants et de mettre fin à l’impunité dans ce domaine. La CITES, tout comme la société civile déplore que les gros poissons soient rarement inquiétés. Les neuf membres de la Chaîne spéciale, fraichement installés hier auront la charge de renverser cette tendance. L’installation de cette Cour est une réponse à une recommandation de la CITES portant sur la mise en œuvre du volet amélioration significative de l’application de la loi. Cette juridiction spéciale aura six mois pour faire ses preuves. Comme l’indique Noro Volo­lona Harimisa, ministre de la Justice, la Chaîne spéciale aura six mois pour traiter soixante dix-neuf affaires. « Tout dossier de procédure doit être instruit et jugé dans un délai ne dépassant pas six mois à compter de la date de passage au Parquet de l’inculpé », dispose la loi instituant la Cour spéciale. Ce texte ajoute que toutes les entités judiciaires traitant des affaires relatives au bois de rose ou au bois d’ébène doivent s’en dessaisir au profit de la juridiction spéciale à la date de sa mise en place. Saisine d’office Comme le souligne la garde des Sceaux, il faudra toutefois que les magistrats de la Chaîne spéciale fassent preuve de courage et d’audace pour répondre aux attentes de l’opinion publique. « La tâche qui vous attend au sein de cette juridiction spéciale ne sera pas aisée. Selon moi, en ayant accepté d’y siéger, vous êtes prêts et avez le courage face aux différentes pressions et menaces, car nous savons qu’en matière de bois rose et bois d’ébène, il faut en découdre avec de gros bonnets », déclare-t-elle. La ministre de la Justice concède qu’étant donné la sensibilité et les enjeux des dossiers qu’ils auront à traiter, les membres de cette juridiction spéciale pourraient se voir menacer d’atteinte à leur vie. L’autre risque est leur perméabilité à la corruption, étant donné que les magnats du bois de rose disposent d’une énorme surface financière. Une éventualité sur laquelle la ministre Harimisa a prévenu les neufs juges de son intransigeance, même juste en cas de suspicion. La loi sur la Chaîne spéciale prescrit un durcissement des sanctions contre les trafiquants et leurs complices à toutes les étapes du trafic, mais également un renforcement des investigations sur terrain au profit des instructions. Outre la Cour, la Chaîne spéciale comprend des brigades mixtes d’enquête. Ces brigades sont implantées au niveau des localités à forte sensibilité en matière de trafic de bois de rose, prévoit le texte. Outre les plaintes ou les dénonciations, la brigade mixte d’enquête peut également se saisir d’office, souligne la loi instituant la Chaîne spéciale de lutte contre le trafic de bois de rose et bois d’ébène. Une prérogative qui pourrait s’avérer nécessaire, dans ce domaine où par intérêt ou par peur de représailles, des acteurs secondaires ou observateurs s’imposent l’omer­ta. Bien que soixante dix-neuf dossiers attendent la Cour spéciale, d’autres affaires n’ont même pas encore fait l’objet d’enquête portant directement sur le trafic. C’est le cas, par exemple, de l’affaire de la cargaison de bois précieux saisis à Singapour, en 2014. « La plus grande saisie au monde, jusqu’ici », souligne Liva Hari­niaina Ramiandrarivo. La seule enquête y afférente est celle menée par le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), dans le but de débusquer les faits et acteurs de la corruption ayant permis la fourniture des faux documents autorisant l’exportation de la cargaison illégale.  
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