Fripericide


N'y a-t-il pas que le Rwanda qui puisse prendre les bonnes décisions pour un vrai développement ? En une semaine, Kagame vient de prendre deux mesures capitales au nom de la souveraineté de son pays. Le Président rwandais a interdit l'importation de friperie et a, dans la foulée, rayé le français des langues de communication au Rwanda qu'il a remplacées par le swahili. Deux décisions courageuses qui donnent le tempo à la direction du pays. Et ce n'est pas tout, puisque le Rwanda a également refusé le visa à une délégation française pour la simple raison que le drapeau rwandais a été «bafoué» dans la demande. Voilà des décisions qui montrent la souveraineté d'un pays. Et si le Rwanda est aujourd'hui l'une des meilleures économies d'Afrique, on sait pourquoi. En 2014, lors du sommet forum économique à Bruxelles, la délégation rwandaise avait fait le pari de figurer parmi les pays du Brics d'ici peu. C'est dire l'ambition de ce pays anéanti par un génocide en 1994. Aujourd'hui, le Rwanda adopte la fripericide pour préserver les acquis de son développement économique. Si on avait craint dans les années 90, le déversement des déchets radioactifs en Afrique, c'est plutôt les friperies de toutes sortes ( voitures, vêtements, touristes sexuels....) qui envahissent le continent. Un phénomène qui a eu pour effet de créer de l'emploi pour la ... rue et de tuer les usines textiles locales. Madagascar ne fait pas exception. Pire, l'État a, depuis cette année, détaxé l'importation des friperies. Une mesure incompréhensible pour un pays qui a besoin de recettes douanières pour renflouer la caisse de l'État. Les taxes prélevées sur les fripes représentent tout de même une somme importante à en juger le nombre de personnes concernées par cette activité. C'est peut-être une façon pour l'État de résorber le chômage faute de pouvoir créer des emplois. Mais il n'en tire aucune valeur ajoutée. Il faut faire un choix entre créer de l'emploi par l'industrialisation et la création d'emploi par le commerce. Le premier a pour avantage de générer des emplois indirects tout en permettant au pays d'exporter alors que le second se résume à une opération purement commerciale. La détaxation des friperies n'a aucune portée de développement et montre combien le pays a régressé étant donné que la première République en avait interdit l'importation. On comprend pourquoi les rues de la capitale étaient dégarnies à l'époque et étaient d'une propreté virginale. Par extension, on peut dire que l'objectif de cette détaxation est de compliquer la tâche de la mairie d'Antananarivo. Outre cette portée politique, on ne voit aucune vertu dans cette décision. C'est d'autant plus incompréhensible qu'à l'inverse, les arbres sont frappés de TVA depuis le mois de mai. Pour un pays en proie à la déforestation et dont les institutions et les entreprises s'attellent, chaque année, à une campagne de reboisement, on a du mal à trouver une motivation à cette mesure. À se demander si la TVA prise sur les jeunes plants est supérieure à la taxe sur les friperies pour équilibrer les recettes de l'État. En voilà, en tout cas, une option qui ne milite pas en faveur de la protection de l'environnement dont un ministère s'en occupe. Par Sylvain Ranjalahy
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