Médiation - Négociations compliquées dans l’accord politique


Les réunions en vue d’un accord politique d’issue de crise se poursuivent à Ankorondrano. Les négociations seraient compliquées, surtout qu’à Analakely, les discours restent rigides. Ardues. Comme l’indique le communiqué de fin de mission de Ramtane Lamamra, émissaire de l’Union africaine, vendredi, la médiation internationale a pour objectif de dénouer la crise politique actuelle par « un accord politique ». Seulement, les négociations connaîtraient quelques complications. Le point de blocage serait « essentiellement » l’intransigeance des discours sur le parvis de l’hôtel de ville qui « tranchent avec le déroulement des pourparlers ». Les difficultés d’accouchement d’un consensus politique ont amené Joaquim Chissano, médiateur envoyé par la Communauté de développement des États d’Afrique austral (Sadc) à rallonger son séjour. Pour trouver une issue consensuelle à la querelle politique, la médiation internationale a mis en place un cadre de concertation qui s’est réuni au bureau de liaison de l’Union africaine, vendredi et samedi toujours dans l’après-midi. Les réunions qui voient la participation des représentants de trois chefs d’État que sont Hery Rajaonarimampiana, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina. Les Rivo Rakotovao et Jean de Dieu Maharante, pour le camp présidentiel, Christine Razanamahasoa et Norbert Lala Ratsira­honana, pour celui de l’ancien chef de la Transition et Hanitra Razafimanantsoa, notamment, pour le fondateur de l’empire Tiko, qui a rejoint le groupe samedi, devraient rempiler pour un troisième round aujourd’hui. « Le fait que sur la place du 13 mai, les discours de revendications restent rigides complique la recherche de consensus », chuchotent certaines indiscrétions. Des sources diplomatiques confient que « les choses avancent », mais que « la situation est encore difficile pour en dire plus ». Sur le parvis de l’hôtel de ville d’Antana­narivo, une semaine a été donnée aux tenants du pouvoir de démissionner. « Une grève générale » a été annoncée. Cadre constitutionnel Seulement, il ne serait pas question de démission du chef de l’État, ou encore des présidents des institutions parlementaires, ni de dissolution de ces dernières. L’issue politique en cours de discussion serait la mise en place d’un « gouvernement de consensus ». Le scénario qui tiendrait la route serait donc un changement de gouvernement qui intègrerait des personnalités proposées, notamment par les trois camps protagonistes de la bataille politique. « Revoir l’équipe gouvernementale est une manière de briser la crise de confiance envers l’Exécutif dans les préparatifs électoraux », explique une source. À en croire un communiqué partagé par l’ancien président Ravalo­manana, sur les réseaux sociaux et publié dans la presse, le scénario de l’accord politique ne semble pas réjouir tout le monde. « (…) C’est un excès de pouvoir commis par les médiateurs, si l’issue de leur mission aboutit à imposer ou même susciter un schéma de sortie de crise quelconque. (…) La communauté internationale n’a jamais été sollicitée, ni ne s’est présentée pour une conciliation, mais pour une médiation », déplore le fondateur de l’empire Tiko. Sauf changement, Joaquim Chissano devrait quitter le pays mercredi. En principe, le cadre de concertation d’Ankoron­drano devrait déboucher sur un accord politique avant son départ. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) affirme que pour respecter le calendrier de la présidentielle suivant l’article 47 de la Constitution, il faudra que les règles du jeu, mais aussi un apaisement politique soient de mise avant la fin de ce mois de mai. L’évolution des discours et du mouvement mené par « les députés pour le changement » pourrait donner un indicatif de l’issue des négociations d’ici mercredi. Garry Fabrice Ranaivoson
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