La paix se construit


La paix n’est pas seulement l’inexistence de conflits ouverts ou de guerres armées. La paix doit être également un climat apaisé qui permet à la population de vivre en toute sérénité, d’avoir l’assurance du respect de ses droits fondamentaux, de s’exprimer librement, d’investir et d’évoluer dans un pays stable. Être en paix, c’est aussi avoir la confiance que des instances veillent à ce que tout se passe bien au fil de la vie de la Nation. Quand on constate que tous les indicateurs de développement humain, de respect des droits minimaux, de sécurité des investissements, de l’éducation s’amenuisent, on ne peut pas dire que Madagascar soit en paix. La paix se construit et c’est l’affaire de tous. On ne peut pas parler de « fampihavanana » des Malgaches ou à la malgache sans faire de rétrospective. Nous avons le droit d’égrener une à une les douleurs du passé ; de dire les choses avec les mots de la vérité. À cause du « fihavanana » ou, plus vraisemblablement par refus de faire face à la vérité, nous n’osons pas nommer un chat, un chat. Oui, nous n’osons pas dire que l’État a été et est corrompu jusqu’à sa moelle, que les forces de Défense et de sécurité le sont autant. Nous n’avouons qu’à demi-mot que les médias sont fauteurs de troubles, que la société civile est faible et intéressée. Nous nous voilons la face et ne parlons pas de ces hommes d’église avides d’argent et de pouvoir, ces leaders traditionnels qui jouent au tribalisme politique. La liste est encore longue mais n’oublions surtout pas ce citoyen déserteur qui laisse la place aux opportunistes et puis se dit éternelle victime du système. Le dire n’est pas juste se jeter la pierre les uns sur les autres ou faire de l’autoflagellation. C’est plutôt faire un feedback juste et conscient. Il y a une expression malgache qui image très bien la situation : mihatsara ivelatsihy. Cea signifie que, quand on reçoit des invités à la maison, on envoie juste toutes les ordures sous la natte et fait paraître que tout est bien « clean ». Dénonçons cette manière d’autodéfense stérile face à la réalité et acceptons d’avancer en toute âme et conscience. La paix se construit et c’est l’affaire de tous. Madagascar est à un virage de son histoire. Certes, il faut « dédramatiser » la situation comme l’a si bien dit Mr le Sénateur Kolo Rogers lors du lancement du Projet d’appui à la prévention et à la gestion de conflits et violences potentiels liés aux élections à Madagascar (PEV Madagascar). Ce que nous vivons est une phase « normale » dans la vie d’une Nation. Mais si l’on pouvait apprendre les leçons d’ailleurs et avancer plus vite, ce ne serait que bénéfique pour Madagascar et son peuple. Dans ce virage, il est du devoir de tous de faire naître un climat apaisé qui inspire confiance en mettant les actions de dialogue et de collaboration multi-acteurs au cœur de toute démarche. En effet, la consolidation de la paix et de la stabilité nécessite un dialogue renforcé à tous les niveaux de la société malgache. La prévention et la résolution de conflit potentiel demandent également un dialogue inclusif avec l’implication de tous les acteurs. Les organisations de la société civile et les médias sont idéalement placés pour créer des liens entre les différents acteurs et des passerelles entre ces acteurs et la population en général. Promouvoir la culture de paix et de tolérance s’apprend à travers les renforcements de capacités dans la prévention de conflit, construction de la paix et la préparation aux crises potentielles. La paix se construit surtout en cette période électorale. par Mbolatiana Raveloarimisa
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