Santé améliorée, croissance démographique constatée


La peste et surtout le paludisme mis à part, les diverses maladies transmissibles n’ont pas, en général, dans la capitale, une forme pathologique grave ni une forme épidémiologique plus extensive qu’en France Le lieutenant-colonel Mercier, médecin inspecteur du Bureau municipal d’hygiène (BMH), indique que coqueluche, fièvres éruptives de l’enfance, tétanos, grippe, pneumocoques, et même affections typhoïdes, méningite cérébro-spinale et diphtérie n’y sévissent pas avec plus d’intensité en 1952, et « s’y sont seulement manifestées ces dernières années sous la forme sporadique ». Il en est de même pour la poliomyélite qui, depuis la poussée épidémique de 1946-1947 où 125 cas sont enregistrés en quatre mois, « ne s’est plus manifestée que par quelques cas rares isolés ». Les « maladies sociales » ne s’y développent pas non plus avec une intensité notablement supérieure à celle des grandes agglomérations françaises. « Si la tuberculose et surtout la syphilis y sont un peu plus répandues parmi la population autochtone, le cancer, par contre, ne semble pas atteindre un taux de morbidité comparable à celui de la Métropole. » Quant aux manifestations de l’endémie lépreuse, elles se réduisent chaque année à un petit nombre de cas dépistés et souvent de provenance extérieure à la capitale. En revanche, les affections respiratoires et digestives tiennent, depuis le recul du paludisme en 1950, le premier rang dans les causes de morbidité et de mortalité parmi la population autochtone où elles sont fréquentes et meurtrières pour les nourrissons et les enfants du premier âge notamment. « Les insuffisances de l’hygiène et les tares organiques antérieures (paludisme chronique) jouant un grand rôle dans leur éclosion et leur évolution, il n’est pas interdit de penser que la régression du paludisme, par ses répercussions sur la résistance des individus et sur le niveau de vie des populations, aura les plus heureuses influences sur ces affections qui déciment actuellement l’enfance autochtone. » Toujours d’après le médecin inspecteur du BMH, « l’étude sommaire des statistiques démographiques montre que les opérations de lutte antipalustre débordent certainement déjà le cadre étroit de leur objectif initial et sont appelées à jouer un rôle de premier plan dans l’amélioration de la Santé publique ainsi qu’il ressort de l’évolution comparée des naissances et des décès vers la fin des années 1940 ». Pour les Européens, on enregistre en 1941, 382 naissances vivantes et 138 décès ; en 1950, le nombre des naissances atteint 887 et celui des décès s’élève à 191 pour une population qui passe dans le même temps de 8 744 habitants à 20 294. Ainsi l’excédent des naissances sur les décès sont de 244 en 1941 contre 696 en 1950. Pour les Malgaches d’Antananarivo, on compte en 1941, 4 206 naissances vivantes et 3 064 décès. En 1950, les naissances augmentent à 7 016 et les décès s’abaissent à 2 341 pour une population qui, en dix ans, passe de 133 869 habitants à 159 595, soit un excédent des naissances sur les décès allant de 1 142 à 4 675. « Cet accroissement est considérable si l’on songe que, de 1930 à 1940, au cours des années précédant le conflit mondial, l’excédent des naissances autochtones sur les décès ne dépassait guère 1 300 et que pour 1944, année particulièrement néfaste au point de vue économique et social en raison des évènements, on observait seulement un excédent de 44 naissances (4 450 naissances contre 4 496 décès), chiffre le plus bas jamais enregistré. » Pour la totalité de la population, le taux de natalité en 1950, de 43,95 pour 1000 habitants, est beaucoup plus élevé que dans la Métropole (20,7 en 1949). De plus, le taux de natalité longtemps supérieur se rapproche maintenant du taux métropolitain (12,2 pour 1000 en 1948, 13,6 en 1949 à cause de l’épidémie de grippe. « Pour retrouver, en valeur absolue, un nombre de décès approximativement aussi faible qu’en 1950 pour la population autochtone (2 341 décès), il faut remonter dix-sept ans en arrière, en 1933 (2 346 décès) à une époque où la population s’élevait seulement à 93 761 habitants, de sorte que cela représentait un taux de mortalité de 25,02 pour 1000 au lieu des 14,68 de 1952. »
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