Ne surtout pas dormir


Quand monsieur Jean Claude de l’Estrac, ancien Secrétaire Général de la Commission de l’Océan Indien, de multiples fois occupant le poste de ministre dans son pays a décrit le cheminement et la situation qui prévaut à l’île Maurice on voyait dans la salle les jeunes qui salivaient d’envie. Les explications qui s’en sont suivi par Toavina Ralamboahay se sont portées sur une critique de cet exemple de réussite qu’est celle de l’île Maurice. Salle comble, il y avait au moins six cent cinquante jeunes dans la salle. Assez rare spectacle dans le contexte de désintéressement de la jeunesse par rapport à la chose politique. Oui, il s’agissait bien durant trois jours de parler de politique sans grosse tête ni complexe. Le plus intéressant est que les discours politiques se sont fait dans toute leur splendeur sur la base d’idéologies. Mieux, presque comme dans un rêve, les questions des étudiants présents étaient d’un niveau assez respectable, les débats respectueux. Le duo Marcus Schneider, Rivo Rakotondrasanjy se sont attelés à décrire et analyser l’économie politique de Madagascar en se posant la question si celle-ci n’était en réalité que la perpétuation du sous-développement. Et là encore, les mots étaient francs, tranchants et vrais. Tous les deux ont mis en avant un système qui ne peut soutenir un quelconque avancement, vu que le système en question n’en connaît pas et ne traduit en aucun cas le point vers lequel ou dans lequel il souhaite avancer. Témoignages, analyses, ces deux intervenants ont suscité chez nos jeunes des foules de questions, de questionnements adressés autant aux panélistes qu’à l’assistance elle-même. Atomisation et inertie du peuple, atomisation de la société et les difficultés à monter une pression sur les élites et par les organisations politiques elles-mêmes ont provoqué également dans la salle des vagues de réflexions sans détours comme des propos à la recherche de réponses. D’autres thématiques comme la place de l’art dans notre contemporain, autant en Afrique dont Madagascar a aussi apporté son lot de réflexions. Cet art qui est autant un vecteur de réveil de la conscience collective et citoyenne mais qui peut aussi être un poison pour l’esprit car endormeur et abrutissant. Martial Pa’nucci artiste et activiste venu tout droit du Congo accompagné par le grand Hemerson Andrianetra­zafy pour faire naître un engagement créatif et créateur de nos jeunes gens. Depuis bien longtemps, on n’a pas eu à l’université des questions et des débats autour de la thématique de l’idéologie, des pratiques politiques dans notre pays. Des Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, des Serge Zafimahova, Juvence Ramasy, Jeannot Rasoloarison ; des prêtres, pasteurs, aux côtés de grands noms du journalisme comme Abraham Razafy, Lova Rabary, Hilda Hasinjo. En gros, de cette belle expérience on peut retenir que le pays n’est pas encore (tout à fait) mort. L’espoir est là mais il faut se donner les moyens pour le refaire vivre, non par les seuls jeunes mais par toutes les générations. La politique fait peur, dégoute car on a trop dit aux Malgaches que la politique est sale et une bataille entre les mauvais. De toutes les interventions on peut retenir deux points qui ont fait l’unanimité. Premier point, l’éducation dans tous les domaines dont l’éducation politique de tous les citoyens est la base de tout. Le second point, il nous faut maintenant nous regrouper et agir afin de briser l’éternel cercle stérile de l’auto-victimisation. On comprend que ce n’est point l’interdiction de la publication d’un sondage qui annihilera la liberté de penser. Les débats et les réflexions ont été au-delà du brouhaha autour des résultats de cette enquête.
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