Fonds de campagne - Les candidats exhortés à révéler leurs sources de financement


Les questionnements à propos de l’argent qui coule à flots en période de campagnes électorales ne tarissent pas. Plus de transparence est réclamée de la part des candidats. Une bataille de gagner. Rejeté par la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flores sauvages menacées d’extinction (CITES), le projet d’indemnisation des trafiquants de bois de rose proposé par le gouvernement tombe à l’eau. Selon Transparency Inter­national Initiative Madagascar (TI-IM), lors d’un point de presse effectué à Ampahibe hier, la décision de la CITES ouvre des opportunités de contrôle sur une partie de ce trafic notamment sur la phase de l’inventaire des stocks ainsi que les moyens d’exploitation de ces ressources localement. Une façon pour TI-IM de rebondir sur les moyens de financement des campagnes électorales dans la mesure où l’opacité de la provenance des fonds de la plupart des candidats à la prochaine présidentielle crève les yeux du grand public avec l’éventualité d’utilisation de l’argent du bois de rose comme fonds de campagne. Lancé officiellement il y a cinq jours, la campagne électorale, dans sa généralité, re­prend les mêmes pratiques que lors des précédents scrutins. Hélicoptères, T-shirts, casquettes, écrans géants et artistes composent la formule gagnante pour les candidats. La campagne électorale officielle génère des flux monétaires commensurables dont le financement est toujours aussi flou pour le citoyen lambda. «On ne compte même plus l’envergure de ce flux depuis le début de la précampagne qui, pour certains candidats, a débuté depuis le mois de janvier de cette année. En effet, aucune législation ne balise la politique en matière de précampagne. Le candidat est alors libre de procéder comme il l’entend et surtout selon ses moyens», explique Ketakandriana Rafitoson, directeur exécutif de TI-IM en enchaînant qu’en tant qu’organisation de la société civile œuvrant dans la promotion des principes de transparence, de recevabilité et d’intégrité auprès de l’ensemble des acteurs de la société malgache, TI-IM lance une campagne pour la transparence financière des candidats aux présidentielles 2018. Pour ce faire, l’institution a mis en place un formulaire détaillant les sources de financement des campagnes et précampagnes de chaque candidat. De cette manière, il sera alors possible d’informer le citoyen lambda concernant le montant du budget général alloué par chaque candidat à cette présidentielle. Rationalité Ce formulaire sera adressé au candidat qui, de façon volontaire pourra le remplir en ligne sur le site internet de TI-IM. Une fois rempli, le document sera rendu disponible au grand public par l’institution. Cependant, à budget inégal, le financement de campagne de certains candidats provoque plus de questionnement que d’autre de la part des électeurs. «Certains candidats indemnisent les partisans à près de 25 000 ariary la journée, étalé sur un mois, cela fait déjà 750 000 ariary pour toute la durée de la campagne pour une seule personne. Pourtant ils sont des milliers à remplir les lieux de meeting. D’un autre côté, un artiste d’envergure réclame un cachet minimum de 100 000 000 d’ariary pour cette même campagne. Sans compter les spots publicitaires qui avoisinent les 500 000 ariary par minute à multiplier x fois durant tout le mois de propagande. Le total est difficile à faire», souligne un observateur. Le formulaire adressé par TI-IM pour les candidats permettra d’avoir une approximation par rapport à leurs sources de revenus, partenariat et financement externe. Si le candidat consent à le remplir de plein gré, Trans­parency International pourra alors comparer ces informations avec les investigations qu’ils ont déjà lancées en rapport avec ces sources de revenus des candidats. «Nous avons déjà une base de données recueillies à partir des recherches que nous avons effectuées à propos des financements de campagnes de chacun des candidats. Ces derniers auront alors l’occasion de justifier et d’éclaircir l’opacité cultivée sur ce plan. Cela changera un peu des principes de distribution de cadeaux et d’argent pour avoir les votes des partisans. Que les candidats puissent convaincre à partir d’un programme et que les électeurs puissent baser leur choix sur des éléments plus rationnels», souligne la directrice exécutive de TI-IM.  
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