Les relations extérieures malgaches évoluent au XVIIIe siècle


Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que quelques traitants européens parviennent sur les Hautes-terres, mais ils ne font que passer. Toutefois, les historiens mettent l’accent sur quelques traversées dans le Nord de la Grande ile. En 1774, Mayeur se rend de la baie d’Antongil, par l’Androna, jusqu’aux abords de la Baie de Bombetoka, du côté de Mahajanga. « Il faillit bien ne pas en revenir », lit-on dans l’ Histoire de Madagascar de 1967. En 1777, il atteint l’Ankova. Après le départ de Mayeur en 1790, Dumaine, un autre commerçant, voyage dans l’Ankay, pays du Mangoro supérieur et de l’Alaotra. De là, il part en 1792, comme Mayeur, vers Mahajanga et en revient après avoir vécu avec les Sakalava. Enfin, trente ans après Mayeur, Hugon pénètre en Imerina venant de la côte Est. « Il put voir Andrianampoinimerina en 1808, deux années avant la fin du règne de ce dernier.» Les auteurs de l’Histoire de Madagascar de 1967 dressent un bilan des premiers contacts européens avec Madagascar. Ils expliquent l’échec de l’évangélisation par un point essentiel : la solidité des coutumes ancestrales. Ainsi de 1613 à 1619, le RP Luis Mariano essaie, en vain, de convertir les populations du Bas-Manambolo et d’Ampasindava. De même, les missionnaires anglais échouent à Saint-Augustin. Enfin, plusieurs prêtres français se succèdent sans succès à Fort-Dauphin et l’un d’eux, le père Étienne, est empoisonné en 1663. Concernant le bilan matériel, il résulte surtout des échanges commerciaux et des opérations militaires. « Jusqu’en 1810, l’essentiel des contacts entre Malgaches et Européens s’est effectué dans les ports. » Puis, le trafic finit par se concentrer dans quelques établissements plus importants, tels Galemboule (Fenoarivo-atsinanana) Bam Matitana, Fort-Dauphin, Foulpointe, au XVIIe siècle, et à Toamasina, le siècle suivant, quand les Français s’installent dans les Mascareignes (La Réunion et Maurice). La traite des esclaves passe progressivement des commerçants arabes aux Hollandais, au cours des XVIe et XVIIe siècles. Au XVIIIe siècle, Anglais et Français supplantent les autres. « Cependant, les esclaves noirs étaient importés d’Afrique orientale à Madagascar, tandis que des esclaves malgaches quittaient la Grande ile. Le plus grand nombre était destiné aux Mascareignes et aux Antilles, mais des départs avaient aussi lieu vers les Comores, l’Arabie et l’Insulinde. » La traite des esclaves et le trafic commercial dans les ports marquent fortement la politique des chefs locaux. « Les princes malgaches de la côte Est se sont disputé ces ports et la plupart de leurs expéditions furent des razzias d’esclaves. » Ainsi, la présence des commerçants européens, sur les marges maritimes de l’ile, est de ce fait « un facteur supplémentaire de division» qui s’ajoute au compartimentage complexe des clans et des royaumes. De surcroit, l’emploi des armes à feu donne la puissance à certains chefs et accélère leur évolution vers la société. « Quelques aventuriers, quelques pirates, quelques commerçants qui encadrent parfois des troupes autochtones, ne changèrent pas grand-chose à l’art de la guerre. » En parallèle, sur l’initiative des marins, des commerçants, d’hommes de sciences authentiques comme le botaniste français Michaux, des plantes et des animaux, jusque-là inconnus, sont introduits à Madagascar et profitent à sa population. Ce sont surtout les Mascareignes voisins qui fournissent de nombreux arbustes très répandus aujourd’hui : manguier, goyavier, avocatier, litchi et le caféier arabica. De leur côté, « les Européens augmentèrent sensiblement la somme de leurs connaissances concernant surtout les marges de la Grande ile ». Pourtant, au total, « les contacts de civilisation proprement dits ont été fort réduits au cours de cette période ». Résumant cette période d’avant 1810, les auteurs de l’ Histoire de Madagascar de 1967, indique que les conquérants espagnols et portugais peuvent s’enfoncer dans le Nouveau Monde, dès le début du XVIe siècle. En revanche, à Madagascar, « aucun fait de conquête ne s’accomplit alors que la légende dorée d’un Eldorado malgache sortait plus belle encore des échecs accumulés ». Bref, « aucune conception occidentale n’avait entamé l’ordre traditionnel et la Grande terre, celle-ci étant protégée par une nature singulièrement hostile aux étrangers ».
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