Affaire Antsakabary - Un délestage achève l'enquête au fond


Cinq prévenus concernés par le meurtre de deux policiers à Antsakabary ont passé l’enquête au fond vendredi. Une panne de courant a abrégé les auditions. Une affaire judiciaire à réveiller les morts. Jetés en prison à la maison centrale d’Antsohihy depuis près de quatre mois, pour le meurtre de deux policiers, commis par une foule en furie à Ambalamanga Befan­driana-Nord le 18 février, cinq prévenus ont comparu devant le tribunal, vendredi après-midi, pour enquête au fond. Sur les cinq inculpés, seul l’un d’entre eux, chef de Tavenina où ont commencé les hostilités contre les deux policiers, a pu être entendu. Les auditions ont tourné court suite a une soudaine coupure d’électricité. Le délestage qui a sévi pendant des heures y a mis fin. Du coup, les cinq prévenus ont été ramenés dare dare dans leur lieu de détention. Les interrogatoires devaient reprendre lundi, mais cela n’a pas été le cas. Depuis le début de la semaine, aucun autre ordre de poursuite n’a encore été émis pour la suite des enquêtes. Sur les près de trois cents cinquante villageois, hommes et femmes, interpellés lors d’une rafle menée par un peloton policier dans plusieurs fokontany de la commune rurale d’Antsakabary, trente-et-un ont été présentés devant le juge d’instruction, dont des présumés auteurs du double crime, des prétendus commanditaires ainsi que des témoins. Effectué le 28 février, le passage des inculpés devant le Parquet a continué jusqu’à des heures tardives de la nuit. Des billets d’écrou envoyant sous les verrous cinq des incriminés ont été signés. Il s’agit du chef fokontany de Tavenina, Radiely, le villageois qui a accusé les défunts policiers de lui avoir dérobé 100000 ariary, le frère aîné du chef de la circonscription scolaire de Befandrina-Nord qui s’est targué d’être un ex-militaire, donc suffisamment calé pour manipuler les armes des deux policiers alors que la colère du fokonolona menaçait déjà de s'abattre sur ces derniers. Le quatrième est en revanche un membre du comité local de sécurité qui a fait incursion dans la salle où le maire a entamé des pourparlers pour essayer de calmer les ardeurs, et le dernier est, pour sa part, un individu montré du doigt pour avoir participé au lynchage à mort. Poursuites boiteuses Lors des auditions, le procureur ainsi que le président du tribunal à Antsohihy se sont rendus spécialement à l’endroit où étaient gardés les suspects. Au final, vingt-six d'entre eux ont bénéficié d’une mise en liberté provisoire. Après le meurtre des deux policiers dans la soirée du 18 février, quarante-cinq policiers dépêchés depuis Mahajanga, Mampi­kony, Port Bergé, Analalava et Antsohihy, ont débarqué à Antsakabary. Ils avaient pour mission de retrouver les bourreaux de leurs collègues, d’où l’arrestation massive qui s’en est suivi. À mi-chemin, la plupart des suspects ont été relâchés peu à peu. Lors de son passage, le peloton a été en revanche accusé d’avoir brûlé quatre cent quatre-vingt-sept maisons, commis des traitements inhumains, cruels et dégradants, outre des pillages, extorsions d’aveux, homicide involontaire ainsi que des atteintes à la pudeur et aux bonnes mœurs. Le 2 mars, une commission mixte d’enquête, constituée par des gendarmes ainsi que des policiers de la brigade criminelle a été dépêchée à Antsakabary pour auditionner les villageois. Mais jusqu’à ce jour, elle n’a pas encore conduit devant la justice les policiers accusés d’abus. Entre temps, les cinq prévenus sont à l’ombre, et une dizaine de fugitifs identifiés comme étant les bourreaux des deux policiers restent insaisissables. Andry Manase 
Plus récente Plus ancienne