Coopération régionale - Maurice fait les yeux doux à Rajoelina


Séduire. L’ob­jectif du gouvernement mauricien durant la visite d’État de Andry Rajoelina, président de la République, est clair. Il s’agit d’une opération de charme afin de se tailler une parcelle confortable dans le champ des coopérations bilatérales de Madagascar. Les autorités mauriciennes ont effectué une véritable parade nuptiale à l’endroit du locataire d’Iavoloha. Une mission séduction menée, notamment, par Pravind Kumar Jugnauth, Premier ministre mauricien, déclamant ce qui pourrait être considéré comme une aubade politique à l’endroit de Andry Rajoelina. « Madagascar, a besoin de jeune comme vous ayant la volonté de relever le pays et répondre aux enjeux et exigences de développement de notre continent », a-t-il déclaré dans son discours durant un dîner d’État, lundi. Sans ambages, le chef du gouvernement mauricien a affirmé son ambition qui est « de miser à fond sur les complémentarités et nos convergences (…) Avec notre capital humain et nos facultés de résilience, Maurice et Madagascar, fort de notre amitié peuvent affronter l’avenir avec confiance dans l’esprit même du Fihavanana ». Durant le séjour du président Rajoelina, tout semble avoir été scénarisé pour souligner la proximité et les liens historiques entre les deux îles voisines de l’océan Indien. Durant la journée d’hier, le locataire d’Iavoloha a eu au programme des dépôts de gerbes de fleurs sur des sites commémoratifs, notamment, le monument de l’escla­vage se trouvant à Morne. Un site où des esclaves malga­ches qui ont fui, selon les récits historiques, auraient préféré se donner la mort plutôt que de rester en état de servitude. Réciprocité et Co-développement L’apogée de cette visite d’Etat est la célébration de la fête nationale mauricienne, où Andry Rajoelina a été l’invité d’honneur. Un bataillon de l’armée malgache a même défilé sur aux côtés des forces de l’ordre mauricien au champ de Mars, durant la cérémonie de célébration de l’indépendance de Maurice, hier. À entendre le chef de l’État, « l’accueil chaleureux et les délicates attentions », de ses hôtes, qu’il a soulignés durant son allocution lors du dîner d’État de lundi, semblent l’avoir séduit. Dans ce discours, le président de la République a, lui aussi, mis en exergue « les liens séculaires qui unissent les deux pays », les qualifiants « d’authentique et profonds ». Il parle même de « liens de sang », rappelant que les Malgaches ont grandement contribué à la construction et la prospérité de Maurice. Tout en soulignant la proximité géographique et « le fort attachement historique », entre les îles de l’océan Indien, Andry Rajoe­lina a lancé que « rien dans notre attachement n’est lié au hasard (…) un lien noué que nous souhaitons perpétuer ». À entendre les propos des deux responsables étatiques, les relations entre Maurice et Madagascar devraient prendre une nouvelle dimension. « Madagascar aime l’île Maurice », a même déclamé, à son tour, le chef de l’État. Le locataire d’Iavoloha parlant de « pays ami », a soutenu, « nous prenons l’engagement solennel pour que la coopération entre nos deux pays devienne un modèle de réussite économique et commercial dans l’océan Indien ». Il annonce que les actions visant la facilitation des échanges et la promotion des investissements entre les deux pays vont s’intensifier. Les techniciens des deux parties travaillent déjà sur l’ébauche du document cadre de l’implantation des entreprises mauriciennes sur les 80 ha, du nouveau site industriel à implanter à Moramanga. Maurice, visiblement, veut une concrétisation rapide des accords conclus durant cette visite d’Etat, et la mise en marche des axes de coopération identifiés. À Mada­gascar, les appréhensions sur les intentions mauriciennes de l’océan Indien sont affirmées. De sources avisées, la Grande île ne compte, cependant, pas brader son potentiel à sa voisine compte faire valoir ses conditions et ses intérêts. « La réciprocité », serait la règle souhaitée par Madagascar, afin de parvenir à un « co-développement ».  
Plus récente Plus ancienne