Nos histoires diluviennes


La meilleure manière de ne pas trop pleurer d’une situation, c’est d’en rire. Il paraît que si on sourit même quand on vous fait des points de suture, cela fait moins mal. Théorie à tester. Il est vrai que quand on sourit à la vie, même si elle est toujours difficile, on souffre moins et en retour la vie nous gratifie de belles choses. Hypothèse que nous avons testée dans le cas des embouteillages dont nous avons parlé lors d’un texto antérieur. Ces gros bouchons qui se transforment finalement en séances d’observation de l’adaptation de la société et celle des automobilistes et usagers des transports en commun. Parlons aujourd’hui des pluies diluviennes en évitant autant que possible de se focaliser sur leurs méfaits. Essayons plutôt de partager ce qui se passe sous ces pluies d’une manière à en sourire. Comme l’autodérision est la meilleure manière de faire rire les gens, commençons par une histoire vraie. Samedi dernier en début de soirée, il a fallu d’urgence sortir pour aller acheter quelque chose au supermarché. Arrivé au parking, il commence à pleuvoir mais avec une telle violence à un tel point où l’expression « pleuvoir des cordes » était venue comme une évidence. Les minutes défilent mais la situation s’empire, la nuit s’est très vite installée et le parking s’assombrit de plus en plus. Il fallait se décider de sortir. Donc, on enlève les baskets pour y aller pieds-nus pour « sauver les meubles ». Chaussures enlevées, le sweatshirt à capuche enfilé, parapluie à la main : tel un soldat qui va faire face à l’ennemi, d’un bond on saute hors de la voiture. Le traitre ! Une seconde hors de la voiture, le parapluie s’est fait dégommer par la pluie d’un souffle. Et en un battement de cils, on se retrouve totalement trempé. Aurait-il fallu aussi tout enlever comme les chaussures ? Comme un gamin plongé dans un bain de glaçons, on lâche un cri à la fois de joie et de surprise. Hop hop hop, on se faufile dans la foule qui s’abrite au magasin, les pieds sans chaussures, totalement mouillée. Il fallait voir ces yeux rivés sur soi. À la fois se demandant ce qui se passe mais aussi envieux se disant sûrement « ah, le temps de mon enfance où je pouvais encore en faire autant ! ». De retour sur le parking, ce traitre de parapluie a encore lâché. Vite, le bouton pour ouvrir la portière et un coup sec sur le poignet. Surprise ! Cela ne s’ouvre pas. Un, deux, trois tentatives mais rien. Il fallait aller du côté chauffeur, mettre la clé dans la serrure. Mince ! Mais que se passe-t-il ? Un tour par derrière pour tenter d’entrer par la malle et là un coup d’œil diffus sur la plaque d’immatriculation. Un autre coup d’œil qui entraine un éclat de fou rire : c’est la voiture de quelqu’un d’autre ! « Prendre ses jambes à son cou ». Une autre expression qui prend tout son sens quand on est dans le noir, sous la pluie, sans chaussures vêtu style hip-hop et en train d’essayer d’ouvrir la voiture de quelqu’un d’autre. Un moment pour retomber en enfance fait toujours beaucoup de bien.
Plus récente Plus ancienne