Trouvez mieux


Du riz et de l’huile pour 6 000 personnes des six arrondis­sements d’Antananarivo, gracieu­sement distribués par la Première Dame, tandis que le gouvernement se dépatouille comme il peut – et il ne peut pas grand-chose, apparemment – face aux colères bien légitimes de la population. Une petite couleuvre de bienfaisance pour faire passer la pilule de l’impuissance… Oui, mais non. Cette petite tentative de récupérer la sympathie de l’opinion publique par quelques bonnes œuvres ne marche pas. Pas quand la situation périclite à tel point que le chaos menace à tout instant, pas quand les entreprises avancent sur les rotules, pas quand l’insécurité est à un niveau aussi inquiétant, pas quand on a attendu tellement longtemps avant de réagir. Non, les conditions du succès ne sont pas réunies, n’en déplaise au président de la République. Ces colmatages ne marchent pas. Lorsque l’on vit avec cinq heures de délestage par jour, que les activités tournent au ralenti voire pas du tout, que la précarité s’incruste jusque dans les pores, on fait partie d’une population stressée et lasse. On n’a pas envie d’être aidé par une main ponctuellement secourable, on n’a plus envie d’être le pauvre type lambda à qui on fait charité, on en a assez d’être celui pour qui on se cotise parce qu’il ne s’en sort plus. On veut des solutions pérennes et la certitude que cette traversée du désert, on ne la fait pas seul. On veut que nos nuits blanches, nos peurs quotidiennes de ne pas joindre les deux bouts, de perdre le peu que l’on a pu construire, trouvent leurs dénouements. Pour l’instant, on se sent bien seul et on a bien envie de manifester sa colère – bien que des musellements musclés aient été les réponses officielles de certaines des manifes­tations. L’on se pose la question de savoir s’il faille finalement prendre l’exemple d’Itaosy ou de Soamahamanina pour se faire comprendre   Faut-il qu’on s’affronte en adversaires pour avoir la chance d’être entendu   Plusieurs cas de violences ont été décelés de part et d’autre de l’île et comme toujours, le feu a été l’élément d’expression toute trouvée – si ce n’est la vindicte populaire pour certains. Des exemples d’exaspération, sans doute exagérés par des rancœurs enfouis, mais qui témoignent des dimensions inquiétantes d’une lassitude qui n’en finit pas. Des musellements par la force. Résoudre le délestage en trois mois était l’un des bons mots du chef de l’État durant sa campagne électorale, entre autres promesses lancées en veux-tu, en voilà. Une promesse impossible à réaliser, que tout analyste avait compris, mais pas une population déjà usée par des années de difficulté et en quête d’une sortie de crise. La situation s’est envenimée et c’est le moment de rattraper la bourde, avec des actions, des décisions et des paroles à la mesure de l’indignation générale. Non, du riz et de l’huile n’apaiseront pas les esprits. Trouvez mieux. Par Mialisoa Randriamampianina
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