Un peu trop près de Dieu


Depuis le 6 décembre 2017, et la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, la tonalité des capitales arabes et musulmanes est à la colère. Mais, quand une foule turque ou indonésienne prétend que la Palestine appartient aux musulmans, j’ai envie de dire : « mais, de quoi se mêlent-ils ? ». Des Jordaniens peut-être, oui, puisque c’est le royaume hachémite qui gère l’esplanade des mosquées, surtout que la Jordanie a annexé la «Palestine palestinienne». Les Palestiniens a fortiori, puisqu’ils sont le peuple éponyme de cette terre disputée, avec la Judée des juifs. Mais, pas des musulmans de 10.000 kilomètres qui s’astreignent certes au pèlerinage, mais pas celui de Jérusalem, celui de La Mecque. Justement, le stationnement des troupes américaines en Arabie saoudite, pendant la guerre du Golfe, avait été qualifié de souillure. Un courant islamiste très actif excitant les foules arabes et musulmanes à avoir une lecture la plus obtuse possible du Coran, de l’épopée de Mahomet et de tous les temps pré-islamiques. Dans cette nouvelle posture, puisque c’est en Arabie qu’est né l’islam, l’Arabie appartient à tous les musulmans... Quand Donald Trump, président des États-Unis déclare, «Nous allons déplacer l’ambassade des États-Unis en Israël à Jérusalem», Benyamin Netanyahou, Premier Ministre d’Israël, approuve : «Jérusalem est la capitale d’Israël depuis trois mille ans». Milos Zeman, président de la République tchèque, renchérit : «L’ambassade tchèque en Israël devrait également se trouver à Jérusalem». Grâce à sa victoire militaire de la «Guerre des Six Jours», en juin 1967, Israël a annexé purement et simplement Jérusalem. Déjà, fin décembre 1948, l’opération militaire appelée «Fait Accompli» avait permis à Israël de s’assurer le contrôle du Néguev méridional, s’assurant ainsi un débouché sur la Mer Rouge par le golfe d’Akaba. En une rare résolution onusienne suivie d’effet, la résolution 478 (28 août 1980) du conseil de sécurité de l’ONU, treize pays, ayant une mission diplomatique à Jérusalem, acceptent de la déplacer à Tel-Aviv. Dans sa thèse de doctorat («Les relations extérieures de Madagascar de 1960 à 1972», L’Harmattan, 1986), Césaire Rabenoro, ancien ambassadeur de Madagascar accrédité en Israël, de 1967 à 1970, avec résidence à Londres, détaille les «relations particulières» de la Première République malgache avec Israël. Madagascar avait un Chargé d’Affaires en son ambassade ouverte à Jérusalem, à partir de novembre 1966 : «L’installation de ce diplomate malgache à Jérusalem signifie que Madagascar reconnaît la ville sainte comme la capitale d’Israël, à la différence des pays occidentaux comme les États-Unis ou la France qui ont leur mission diplomatique à Tel-Aviv» (page 205). Auparavant, un accord de coopération technique israélo-malgache avait été signé à Jérusalem, le 27 août 1961 (p.278). À la fin de son mandat, Bill Clinton avait été sur le point de faire s’entendre Ehud Barak et Yasser Arafat sur le partage de la Palestine et de Jérusalem. Mais, la visite d’Ariel Sharon, sur l’esplanade le 28 septembre 2000, déclenche la deuxième intifada. Le Premier ministre israélien Ehud Barak démissionne le 9 décembre 2000 et les élections législatives anticipées permettent à Ariel Sharon de devenir Premier Ministre, le 6 février 2001. Le plan de paix était déjà enterré depuis le 20 janvier 2001, jour de prise de fonction de George Bush comme nouveau président des États-Unis. L’acte unilatéral de Donald Trump aura eu le mérite de remettre à l’agenda cette vieille solution présentée in extremis par l’administration de Bill Clinton. Ce plan reprenait d’ailleurs les recommandations oubliées de Morrisson-Grady de juillet 1946. Soixante dix ans plus tard, tout le monde chante en choeur la solution à deux États, à commencer par Antonio Guteres, Secrétaire Général de l’ONU : «Jerusalem is a final-status issue that must be resolved through direct negotiations between the two parties. There is no alternative to the two-state solution». Mais également Angela Merkel (Allemagne), Émmanuel Macron (France), Paolo Gentiloni (Italie) ou Federica Mogherini (Union Européenne). La chef de la diplomatie européenne précise qu’aucune ambassade ne devrait s’installer à Jérusalem avant qu’un accord israélo-palestinien sur la Ville Sainte n’ait abouti. La Chine, l’exprime d’une autre manière, en étant favorable à la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale, tout en recevant le Premier Ministre israélien pour les 25 ans de relations diplomatiques entre les deux pays. Le 6 avril 2017, c’est-à-dire huit mois avant la décision américaine, le ministère russe des Affaires étrangères avait indiqué que «Jérusalem-Est devrait être la capitale du futur État palestinien. Parallélement, nous devons établir que, dans ce contexte, nous voyons Jérusalem-Ouest comme la capitale d’Israël». Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
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