Jean De Dieu RAMIARISOA - « L’artisanat fait mieux vivre que le salariat »


Il a quitté la fonction publique pour s’investir dans l’artisanat en faisant de la maroqui­nerie. Héritant le talent et le savoir-faire de ses aïeux, Jean de Dieu Ramiarisoa est convaincu de la rentabilité de son métier d’artisan. Quarante-cinq années de mise en valeur de l’artisanat marquent sa vie. • Comment êtes-vous arrivé dans le milieu professionnel artisanal ? - À l’origine, devenir artisan n’a nullement fait partie de mon plan de carrière. Avec l’âge et une fois les études terminées, je suis entré dans la fonction publique. Après des années de service, le coût de mes besoins et ceux de ma petite famille se faisait ressentir. Il m’a fallu trouver une activité professionnelle suffisamment rentable pour couvrir les charges familiales. Puisque les parents étaient déjà tous artisans, je me suis orienté sans hésitation vers l’artisanat et avec ma femme nous nous sommes professionnalisés. • Quel était l’impact de cet accident de carrière sur votre vie professionnelle ? - Ma rémunération en tant que fonctionnaire n’était pas suffisante. Or c’est avec l’artisanat que je pouvais efficacement nourrir ma famille et financer les études de mes enfants. Le parcours scolaire de tous mes enfants a été réussi grâce aux ressources financières gagnées de mon métier d’artisan. Le passage d’une profession à un métier n’a pas du tout été difficile, car une société de productions artisanales a déjà été créée au nom de ma femme avant mon départ définitif de la fonction publique. • Pour quelles raisons l’artisanat vous-est-il rentable ? - Nous exportons nos produits à l’étranger. Nous écoulons également nos productions sur le marché local. La clientèle est actuellement composée à parts égales de Malgaches et d’étrangers. L’artisanat est en quelque sorte une fierté nationale car il s’agit de vendre des produits 100 % malgaches à destination d’une clientèle malgache. Les étrangers intéressés par les « arts malagasy » étant les touristes. A côté d’une clientèle omniprésente se trouve l’approvisionnement en matières premières. Nous nous dotons des intrants nécessaires à nos productions ici à Madagascar même, dans les différentes régions de l’île. • Quelles difficultés rencontrez-vous dans le métier ? - C’est plutôt une question d’abandon du secteur par l’État. Nous tenons certes boutique au Centre National de l’Artisanat Malagasy, mais la recherche de débouchés doit être prise en charge par l’État. L’État doit profiter des marchés régionaux ou internationaux pour appeler les clients potentiels à se tourner vers l’artisanat malgache. L’atout que présente l’artisanat pour l’économie malgache n’est pas négligeable. L’État doit aider les artisans dans la recherche de clients. Le savoir- faire est là, mais c’est l’écoulement des produits qui rencontre un problème. Il suffit d’une initiative ferme de vendre au monde les produits de l’artisanat malgache pour encourager les artisans à produire davantage. Tsiory Fenosoa Ranjanirina
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