Conférence des évêques - « Madagascar souffre d'une pénurie d'hommes sages »


La conférence épiscopale déplore l'absence de vérité, d'honnêteté dans la conduite des affaires publiques. Renvoyant à sa déclaration du mois d'août dernier, le CEM accable, une nouvelle fois, les élites politiques et intellectuelles. Marina. Un mot malgache qui, selon le contexte peut être librement traduit par « vérité », ou encore, « honnêteté ». C'est autour de ce mot que la Conférence des évêques de Madagascar (CEM), a dressé la déclaration, datée du 10 novembre, et concluant sa 2e session ordinaire. Contrai­rement aux précédentes déclarations publiées, cette année, la conférence épiscopale, cette fois-ci, semble plus tempérée et use de termes moins pugnaces. Le message de la CEM n'en est, toutefois, pas moins incisif et cash en soutenant sans détour que « Madagascar souffre d'une pénurie d'homme sage ». Elle lance donc : « Pourquoi avec autant de richesses, nous n'arrivons à rien   Pourquoi le peuple ne va-t-il pas dans une dynamique productive   Il ne s'agit pas d'absence de richesse, de compétence ou d'intellectuels mais, Madagas­car manque de personnes sages ». Selon les évêques de Madagascar, cette « pénurie », s'explique par la disparition du « Marina ». La décla­ration publiée, hier, tend à soutenir que « le « Marina », n'a plus sa place, dans la société malgache, particulièrement, dans les sphères dirigeantes et politiques. Visiblement dépitée, la conférence épiscopale revoit à sa déclaration du mois d'août. « L'absence du « Marina », sous plusieurs aspects, dans le pays, infligeant de profondes blessures et brisant la vie des Malgaches a déjà été énoncée dans le message du mois d'août », indique la CEM. Dans la déclaration d'août, les évêques ont, particulièrement, été sévères envers la classe politique. « Le pays est en perdition, à l'agonie », avait affirmé la CEM. Un état favorisé par l'avidité, l'insécurité, la corruption, la mauvaise gouvernance politique et économique, la gabegie et, surtout, la pauvreté. Dans son message d'août, la conférence épiscopale soutient que « cette situation chaotique est due aux pouvoirs successifs qui n'ont pas su tirer les leçons des maladresses de leurs prédécesseurs ». Éducation Dans cette missive d'août, les tenants du pouvoir ont été sèchement taxés d'« incompétents, inefficaces, enclins aux promesses creuses et aux mensonges, encourageant la violence (…) incapables de proposer un programme clair permettant aux citoyens d'entrevoir un avenir meilleur ». À l'endroit de l'opposition, les évêques avaient vilipendé qu'« eu égard à l'histoire et la conjoncture, leur objectif est de briguer le pouvoir, se partager des sièges et se remplir les poches. Souvent ce sont ceux qui ont tambouriné le changement qui, une fois, au pouvoir se taisent et ne font rien ». Dans son homélie durant la messe de clôture de l'année de jubilé de la miséricorde de Dieu, dimanche, à Antanimena, monseigneur Désiré Tsarahazana, président de la CEM avait plaidé pour « la priorisation du bien-être commun ». Dans son prêche, l'archevêque de Toa­masina a soutenu : « La miséricorde est l'une des principales vertus enseignés par le Christ. (…) elle nous amène à aider, protéger et avoir confiance en notre prochain, à nous soucier en priorité du bien-être commun. (…) Vivre la miséricorde nous permettra de changer le visage de la nation ». À entendre la conférence épiscopale donc, l'absence de vérité, d'honnêteté et de sagesse dans la conduite des affaires publiques et les débats publiques, annihile le souci du bien-être commun. Dans la déclaration publiée, hier, la CEM indique que cette année de jubilé de la miséricorde de Dieu a permis de « prendre conscience que nous nous enlisons dans de profondes difficultés et qu'il faut se relever et s'en extirper ». Dans la missive d'août, les évêques avaient prêché pour « l'émer­gence de nouvelles personnes vertueuses, patriotes et conscientes qu'être au pouvoir c'est servir le pays et les citoyens ». Dans la missive datée du 10 novembre, ils avancent « l'éducation », comme solution pour résorber la tendance agonisante et former des « hommes sages ». Garry Fabrice Ranaivoson
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