Maldives - Cinquante six avocats suspendus


Les autorités des Maldives ont suspendu lundi cinquante six avocats qui avaient demandé dans une pétition le respect de l'État de droit. Le département de l'administration judiciaire (DJA) a affirmé que ces juristes, parmi lesquels figurent tous les défenseurs de dissidents, avaient en signant cette pétition violé plusieurs lois. «La pétition est un document illégal et la signer est un acte de pression sur le système judiciaire», a indiqué le DJA dans un communiqué. La suspension concerne plus du tiers des avocats des Maldives, notamment toute l'équipe de défense du leader de l'opposition en exil Mohamed Nasheed. Une coalition de quatre partis d'opposition a estimé que cette suspension signifiait que les dissidents ne pouvaient désormais plus avoir d'avocats de qualité. «Il sera quasiment impossible pour les individus injuste­ment visés par le régime du président Yameen d'obtenir les services de conseils efficaces», ont-ils dit dans un communiqué. «Parmi eux figurent des hommes politiques de premier plan ainsi que des membres du Parlement qui ont été récemment privés de leur mandat.» Cette coalition a exhorté la communauté internationale à envisager des «sanctions financières ciblées et des restrictions de voyage» contre le chef du pouvoir judiciaire, Abdulla Saeed. En 2008, après trois décennies de règne autocratique du demi-frère d'Abdulla Yameen, Maumoon Abdul Gayoom, le multipartisme était entré en vigueur dans l'archipel réputé pour son tourisme de luxe. Intenses pressions Mohamed Nasheed avait alors été élu président mais avait été renversé en 2012. Depuis, l'archipel est dans la tourmente mais le gouvernement résiste à d'intenses pressions internationales face à une situation dans laquelle toutes les principales figures de l'opposition sont soit détenues, soit en exil. Incarcéré, M. Nasheed était parti en 2016 à la faveur d'une permission médicale au Royaume-Uni, où il a demandé et obtenu l'asile. Il est depuis basé à Londres et ne peut pas se rendre physiquement aux Maldives, sous peine d'être arrêté à nouveau. L'avocat Husnu al-Suood a indiqué que la pétition avait été adressée à la Cour suprême, qui a refusé de l'accepter, puis au bureau du procureur. «Le fond de notre pétition est de demander l'État de droit», a-t-il dit à l'AFP par téléphone. «Nous l'avons donnée au procureur hier et aujourd'hui, nous avons été suspendus.» © AFP
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