Gouvernement Ntsay - Le gros lot au HVM, les miettes au Mapar-TIM


Avec une équipe résolument politique, le Premier ministre aura fort à faire pour mener la barque gouvernementale. Chaque camp politique semble avoir pris soin d’y placer ses plus hauts parleurs. Tricotage politique. Le gouvernement technocrate souhaité par la société civile sera pour la prochaine fois. L’équipe de Christian Ntsay, Premier ministre, présentée hier au palais d’État d’Iavoloha est ouvertement politique. Un composite du Hery vaovao ho an’i Madagasikara (HVM), groupe des partisans de Andry Rajoelina (Mapar), du Tiako i Madagasikara (Tim), ainsi que du courant pro-président de la République aura essentiellement la charge de préparer des élections inclusives, transparentes et acceptées de tous. Les trois courants politiques dont les chefs de file ont acté l’accord politique ayant amené la nomination du Premier ministre et la formation du gouvernement se sont, de prime abord, partagé le gâteau. Les partisans du président de la République au sein du Parlement ayant fait front unique sur le dossier, les indépendants d’opposition semblent avoir été laissés pour compte. Le Malagasy miara-mihainga (MMM) se serait abstenu de proposer des ministrables. Sur les trente sièges à pourvoir, les ministères régaliens n’ont pas été lâchés par le président de la République. Seul le ministère de l’Intérieur, où une personnalité présentée par Mapar, mais issue d’un consensus entre le Tim et le Mapar, après consultation du Syndicat des administrateurs civils (SYNAD), a été lâché par le chef de l’État. Avec dix départements, le HVM et consorts se taillent la part du lion. Après d’âpres négociations, le Mapar se retrouve alors avec six portefeuilles et quatre pour le Tim. Compromission Outre le ministère de l’Intérieur, les deux formations s’arrogent chacun un département clé, l’Aména­gement du territoire pour les Oranges et l’Economie pour les Verts et bleus. La ligne de base, selon laquelle chaque courant politique en présence souhaite avoir voix au chapitre dans les coulisses des préparatifs électoraux au sein du pouvoir Exécutif a, par ailleurs, été suivie à la lettre. Marc Ravalo­manana et Andry Rajoelina, anciens chefs d’État, ont pris soin d’y placer leurs hommes et femmes de confiance. Des hauts parleurs, également, qui tâcheront de peser face à l’escouade bleue durant les conseils des ministres. Les Bleus ont aussi pris soin de garder des éléments rigides, comme l’affirment des membres de cette formation politique, au sein du gouvernement. Pour les pro-présidents, la sélection semble, du reste, avoir été faite suivant l’apport potentiel du ministre dans la conquête des voix lors des élections. « Le peuple attend de vous que sa vie revienne à la normale. Il attend de vous que vous ne déceviez pas la promesse de votre nomination qu’est l’organisation d’élections transparentes, inclusives et acceptées de tous », a souligné le président Hery Rajaonarimam­pianina, hier. Comme l’indique le locataire d’Iavoloha, il appartient au Premier ministre de faire en sorte que son gouvernement travaille en équipe. Une discipline d’action collective nécessaire pour être efficace, comme l’a souligné Christian Ntsay, à son entrée à Mahazoarivo. Il a ajouté que pour des élections dans les meilleures conditions, il faut une paix sociale, une sécurité et une bonne gouvernance publique. Des défis auxquels le Président ajoute la maîtrise de l’inflation et la poursuite des actions de développement. Loin d’un consensus, le gouvernement, de prime abord, est de compromission. Une équipe disparate, brodée afin d’apaiser les humeurs et préserver les intérêts des parties prenantes politiques et respecter autant que faire se peut le prescrit de la Haute cour constitutionnelle (HCC). Les observateurs sont sceptiques sur la coordination et la cohérence des membres de l’équipe, dont la mission de chacun semble vouée à défendre les enjeux électoraux de son camp. « Ayez toujours à l’esprit que vous êtes un gouvernement, et vous serez jugé en tant que tel et ne pourra pas vous dédouaner d’un éventuel échec », a déclaré le chef de l’État. Charge aux membres du team Ntsay de contredire les sceptiques et démontrer que l’intérêt supérieur de la Nation est au-dessus des intérêts particuliers, des calculs et visées partisans et des antipathies personnelles.
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