Radama embellit les demeures de son père


Dix ans après l’accession au trône de l’Imerina de Radama Ier en 1810, l’afflux des étrangers, surtout des artisans-missionnaires, aura deux conséquences sur le Rova d’Antananarivo La première est que le roi se sentira le désir de faire honneur aux visiteurs, ce qui est aussi une manière de se valoriser aux yeux du monde. La seconde est qu’ils lui offriront les moyens de s’entourer d’objets importés ou construits par eux grâce à leur savoir-faire. Déjà, au cours de sa mission à Antananarivo, Lesage écrit : « Je lui (Radama) présentai M. Tardieu et je lui en parlai comme d’un homme fort capable de lui bâtir une demeure. J’offris de dresser le plan d’une maison bien appropriée à sa condition et de commencer aussitôt que possible » Pourtant, après dix jours de maladie, Tardieu décède dans la capitale, le 31 décembre 1816. Mais l’idée est lancée, précise Vincent Belrose-Huyghues dans son étude Un exemple de syncrétisme esthétique au XIXe siècle : le Rova de Tananarive d’Andrianjaka à Radama Ier » (revue historique Hier et Aujourd’hui, 1975). L’auteur indique que la première tâche de Radama, dans le domaine de la construction, est de consolider et d’embellir certaines maisons de son père où il établit sa résidence et celle de ses visiteurs. Du vivant de son père, il a habité Bevato au sud du Rova. Il semble l’avoir abandonnée pour occuper l’une de celles de son père, au nord de Marivolanitra. « Une échelle permettait de monter sur le toit où une estrade avait été aménagée ; de là, on voyait tout autour jusqu’à une certaine distance. De là le nom de Marivolanitra. Lahidama devenu roi, a embelli cette maison et l’a habitée» (Tantara ny Andriana eto Madagascar, R.P. Callet, T.2). D’après Vincent Belrose-Huyghues, la première maison à étage apparait dans la capitale, en 1819. C’est Bevato, maison sur laquelle les informations sont très confuses, souligne-t-il. Les Tantara, par exemple, situent les transformations de la demeure après le mariage de Radama avec la princesse sakalava Rasalimo, en 1823. Puis, « quelques pages plus loin », ils indiquent que c’est avant le mariage. « À Antananarivo, on transforma et on embellit Bevato, puis on construisit une Tranovola pour y loger Rasalimo. » Une tradition rapportée par Ellis soutient autre chose, « bien que le texte en soit curieusement proche ». Elle fait de Bevato et de Tranovola un seul et même bâtiment. « On améliora Bevato qui devint Tranovola où il fit demeurer Rasalimo, sa femme.» Cette version est reprise par le pasteur Rabary qui écrit en 1929, dans ses Ny Daty Malaza : « On devrait se souvenir que la Tranovola de Radama ne se trouvait pas là où on la voit actuellement, mais à l’emplacement de l’actuelle Église du Palais. » L’auteur de l’étude fait remarquer que Bevato qui n’existe plus au XXe siècle, devait se situer au sud, près de Besakana, donc éloignée de la Tranovola. Il ajoute que Besakana a servi d’école ainsi qu’une construction plus importante, mais qui n’est pas Tranovola. Continuant sa description, il ajoute que, s’il est difficile d’imaginer Bevato, on peut la rapprocher de la demeure royale d’Ilafy, attribuée parfois à Radama II, mais qui est « très certainement » l’œuvre de Louis Gros ou de ses ouvriers. Bevato, comme la demeure d’Ilafy, est construite en bois. Rectangulaire avec un toit à pente assez forte et à quatre pans, elle est vraisemblablement couverte en chaume de herana. « Il n’y avait pas de véranda. » La construction repose sur une assise de pierre et c’est sans aucun doute, une grande nouveauté dans la construction en bois puisque la charpente n’est pas fixée par des crampons dans la pierre. « Ce qui est arrivé aux demeures plus récentes d’Ambohidratrimo et provoque peut-être la disparition de Bevato. » Les murs du rez-de-chaussée sont constitués de planches en diagonale, le procédé des murs en chevron est appliqué pour la première fois en Imerina. Il va s’étendre immédiatement. « L’escalier était une nouveauté encore plus considérable ; celui de Bevato devait être encore plus mal conçu que celui d’Ilafy : constitué de marches basses, placé latéralement dans une double paroi du mur et soutenu par un enchevêtrement compliqué de poutres horizontales et verticales. » Mais la technique de l’escalier est déjà assimilée par les charpentiers malgaches lors de la construction de Soanierana, qui n’est jamais terminé du fait de la mort précoce (1824-1828) du roi, à 36 ans. Ainsi, comme son père, Radama se doit de marquer son règne par l’aménagement du Rova. « Le Rova Nord fut aménagé par Lahidama, on y construisit la Tranovola, maison d’argent, on l’entoura d’une palissade fermée de planches pointues comme des sagaies » (les « Tantara »).
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