«Andrianampoinimerina ne s’attaque pas aux enfants»


Andrianampoini­merina ne prendra définitivement la ville d’Antananarivo qu’après un siège de trois mois, ce qui prouve la résistance opiniâtre des assiégés. C’est pendant le siège que, pour la première fois, seraient utilisés des cerfs-volants enflammés, des papango hazo . La même tactique est employée au siège d’Ambohibeloma du Nord, dans le pays des Sihanaka, vers 1808-1809. La conquête d’Antananarivo aurait eu lieu à une date imprécise, 1795 ou 1796. D’après J.-C. Hébert, les Tantara ny Andriana eto Madagascar du père Callet ne donnent aucune précision et se contentent de relater que les Avaradrano d’Andrianampoini­merina conquièrent la ville trois fois et que les Merinatsimo les en chassent deux fois. Hugon, lui, affirme, qu’au retour d’une expédition en 1808, Andrianampoinimerina est en possession de la ville depuis douze ans, soit depuis 1796. Une assez longue période de répit semble succéder à cette difficile prise. Andrianamboatsimarofy serait mort deux ans après la chute de la ville. Bien qu’ayant régné à Soananjakana (Anosizaro), il est enterré à Fenoarivo. Son tombeau est aujourd’hui à Antsahadinta. Son fils Ramaromanompo lui succède sans être tout d’abord inquiété en ses possessions. Selon la tradition merina, il aurait régné cinq ans à Fenoarivo, de 1798 à 1803, calcule Hébert à partir de la mort de son père. Lors de son deuxième voyage sur les Hautes-terres centrales, le négociant Lebel assiste aux derniers instants de sa royauté à l’été 1803. À cette date, Anosizato est encore sa capitale. « Deux mois plus tard ( ?), c’était la déroute complète à Antsahadinta, village situé au sud d’Anosizao et que Lebel pare du nom pompeux de forteresse. » Andrianam­poinimerina ne veut pas l’attaquer dès la mort de son père. Selon les Tantara, « les Avaradrano voulaient l’attaquer… », mais Andrianampoini­merina dit : « Laissons-le régner quelque temps, le royaume finira pas me revenir. » La même tactique est utilisée par le grand souverain pour la conquête du Marovatana. Devenu roi d’Antananarivo, Andrianampoinimerina s’attaque au Marovatana. Et ce n’est que « lorsque le Marovatana fut conquis qu’Andrianampoinimerina vint attaquer Ramaromanompo », lit-on dans les Tantara. Une première attaque, peut-être avant 1800, est désastreuse. La capitale du Marovatana, Ambohidratrimo, résiste avec acharnement. Cependant, le roi a soin de déclarer qu’il ne cherche pas à faire de prisonniers, mais désire donner la paix au peuple. La leçon est sans doute cruelle, car il attend quel­ques années avant de reprendre la lutte et il ne s’attaque plus à Ambohi­dratrimo, mais aux petits villages. Voici ce qu’on lit dans les Tantara : « Quelque temps après, le prince d’Ambohidratrimo mourut. Le peuple en fut surpris et s’écria : Nous pouvons prendre maintenant ce village car le prince est mort. Mais Andrianampoini­merina répliqua : « Vous ne réfléchissez donc pas, c’est maintenant que la guerre sera dure, puisque c’est un enfant qui règne. Le peuple demanda : Pourquoi dites-vous cela ? Sous le règne de son père, peu s’en est fallu que nous ne nous en emparions. Andrianampoinimerina répliqua : Le père était vicieux, mais le fils est encore sans défaut et Dieu protège celui qui n’a jamais péché. Le peuple resta stupéfait de la connaissance qu’avait Andrianam­poinimerina des vérités surnaturelles. » Lorsque ce roi part de nouveau pour attaquer les Marovatana à l’ouest d’Ambohidratrimo, il s’exprime ainsi : « Nous ne ferons que passer près d’Ambohidratrimo pour que l’enfant qui vient d’arriver au trône puisse faire sa volonté, pour augmenter ses défauts et l’amener à se soumettre de son propre gré. » Ainsi, le roi ne fait que passer près d’Ambohidratrimo et n’attaque que les petits villages qui, en voyant les deux pavillons Mahazovola (qui gagne l’argent) et Mahazotany (qui gagne le pays) se soumettent. Et quand ces petits villages sont conquis, Ambohidratrimo se soumet aussi de plein gré. Le jeune prince est Rabehety ou Andriantomponimerina­mandimby qui prend pour épouse la fille d’Andrianamboatsimarofy, Ravaonimerina. Et J.-C. Hébert conclut : « Il est curieux d’entendre alors de la bouche de celui qui est surnommé le Taureau aux grands yeux (Ombalahibemaso) que la vengeance peut attendre car le fils est encore sans défaut. »
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