La Réunion - Le mouvement des «gilets jaunes» s’essouffle


La faible mobilisation des gilets jaunes péi, hier, traduit un très net essoufflement du mouvement. Les manifestants vont en rangs dispersés. Ce devait le temps fort de ce nouveau samedi de mobilisation. Mais le rendez-vous devant la Préfecture, hier après-midi, a réuni au mieux une petite centaine de gilets jaunes. Les prises de paroles n'ont pas cessé, sous cette tente rebaptisée «Maison du peuple». Mais certains manifestants ont pris l'initiative d'une marche dans les rues de Saint-Denis. Tout le monde n'a pas suivi. Résultat : un nouvel éparpillement des forces en présence. Ils furent donc une cinquantaine d'irréductibles à entamer un défilé bon enfant avenue de la Victoire, au son de la Marseillaise. «Mais la marche, c'est excellent pour la santé», a lancé un gilet jaune pour essayer de motiver les troupes. Malgré l'évidente démobilisation, les quelques chefs de file optaient pour la méthode coué. «Bien sûr que nous sommes mobilisés ! Nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout pour le changement», disait ainsi Eric Marcely, d'un ton offensif. Pas question pour lui d'en vouloir à ceux qui ont sauté du train en marche: «Je peux comprendre les gens. Il y a des mariages aujourd'hui. Et puis, c'est bientôt le 20 décembre et les fêtes de Noël… Donc, pas de souci. On sait que l'on pourra compter sur eux le moment venu». Désorganisés Dans le cortège, tout le monde ne tenait pas le même discours. «On se pose des questions… Où sont passés les autres gilets jaunes ? On se sent un peu seuls, désormais, et c'est dommage. Pour l'instant, on n'a pas gagné grand chose mais les gens sont rentrés chez eux. Ils sont fatigués, peut-être, mais c'est décevant», tentait d'expliquer Martine, une quinqua joviale, qui assure être «sur le front» depuis le 17 novembre. «La vérité, c'est qu'à force de faire des opérations chacun dans son coin, le mouvement faiblit. On n'arrive toujours pas à parler d'une seule voix. Tout le monde veut faire son truc. C'est pas tellement constructif. Les groupes de gilets jaunes se soupçonnent entre eux. Il y a zéro communication. L'élan est brisé», constate Ludovic, 22 ans, jeune diplômé sans emploi, venu demander «les démissions du Préfet et d'Emmanuel Macron». Réunis hier soir dans le chef-lieu, différents collectifs de «gilets jaunes» n'ont pas réussi à se mettre sur le programme de ce dimanche. Place à une nouvelle journée d'improvisation, au cas par cas. Les groupes les mieux structurés continuent de jouer la carte de l'apaisement. «Même si on se tient prêt à se mobiliser, si besoin», précise Jean-Marie Motte, porte-parole d'un mouvement désormais baptisé «Collectif pour le changement». Partisan d'une nouvelle manière d'agir, plus posée et plus concrète, il fait partie de ceux qui ont rencontré Didier Robert, le président de Région, puis Gilbert Annette, le maire de Saint-Denis, cette semaine. Quelle que soit la tournure que prendra le soulèvement, au Tampon le rond-point des Azalées restera le lieu symbolique de la lutte des «gilets jaunes». 10
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