500.000 par jour contre la corruption


Le BIANCO (bureau indépendant contre la corruption) ne dispose donc que de 500.000 ariary par jour pour tenter de lutter contre l’industrie de la corruption. C’est la révélation faite par le Directeur Général de cette institution (cf. L’Express de Madagascar, 8 décembre 2016). Que peut-on faire avec 500.000 ariary par jour   Ce n’est guère qu’une fois et demie le tarif de location journalière d’une berline pendant le Sommet de la Francophonie. C’est également grosso modo le plein pour deux Ford Mondeo (au prix OMH du gasoil au 1er décembre 2016), du modèle 2007, dont la flotte devait servir au Sommet de la Francophonie de 2010, avant que l’organisation ne soit retirée à Madagascar pour cause de putsch en mars 2009. C’est peut-être aussi enfin, 1000 exemplaires de L’Express de Madagascar que, par exemple, le BIANCO pourrait réserver pour sa diffusion ciblée auprès de ses antennes régionales ou des officines internationales qui passent, d’un coup d’État à une transition, comme juste des usines à coefficient de décaissement. On est bien d’accord : comment être, mais surtout rester «incorruptible» dans les conditions de travail du BIANCO   Dans un monde où prédomine le «on va vous faire une offre que vous ne pourrez pas refuser», leitmotiv de Don Corleone dans «Le Parrain»   Comment susciter des vocations d’Eliot Ness   Rappelons que, de 1926 à 1931, l’agent Eliot Ness avec sa brigade des «Incorruptibles» traqua le mafioso Al Capone. À cause du haut degré de corruption dans l’administration et la police de cette époque de la «Prohibition», aux États-Unis, Eliot Ness dut constituer une équipe indépendante. Communiquer sur le BIANCO   La population a besoin de savoir. Sinon le fossé de défiance se creusera davantage. Avoir pour objectif de fixer l’argent alloué à la lutte contre la corruption à 0,3% du budget de l’État   On peut effectivement rêver que l’on fixe, une bonne fois pour toutes, dans la Constitution notre posture philosophique : tant de pourcentage minima à l’éducation, à la santé, aux infrastructures, à la lutte contre la corruption. C’est un peu la même chose que pour la loi de finances. Que le principal concerné, le citoyen-contribuable, soit en connaissance, de chose, semble le minimum syndical du principe de consentement à l’impôt. Malheureusement, la loi de finances est déjà absconse pour les autres services non directement techniques ; du chinois pour la grande majorité des parlementaires ; et un grand mystère pour la population. De plus, quand la «conférence budgétaire» se déroule désormais au sein d’un «Club des Amis de Madagascar», à Paris... Avec, néanmoins, la caution des opérateurs économiques malgaches et de certaines institutions témoins, dont le BIANCO. Rappelons que le «principe du consentement à l’impôt» est la base de la démocratie parlemen­taire telle qu’elle a vu le jour à Westminster, en Angleterre, au XVIIIe siècle. «La mise à dispostion d’une grille de lecture de la loi de Finances est une contribution à la démocratisation de l’information dans un domaine apparemment ésotérique, même pour les initiés», pouvait-on lire dans le numéro Zéro de «La Lettre Mensuelle de Jureco» qui publiera une édition spéciale «Loi de finances 1987», annexée à son numéro Un (janvier 1987) : à l’époque, Jureco soulignait la célérité remarquable de la publication au Journal Officiel (du 13 décembre 1986) d’une loi en date du 10 décembre précédent. Enfin, dans son interview, le DG du BIANCO fait allusion à une certaine «personnalité» qui a donc les moyens, le privilège, l’immunité, d’ignorer les convocations de cette institution anti- cor­rup­tion. Histoire bien connue, maintes et maintes fois revue mais jamais corrigée sur la Place du 13 mai : quand les fusibles refusent obstinément de griller, l’État court-circuitera, mais toute la Présidence aura sauté bien avant. Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
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