Délinquance - Les bandits rajeunissent


La délinquance juvénile gagne du terrain dans la capitale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes au Tribunal. Aina (nom d’emprunt), un mendiant dans les rues d’Analakely n’a que 12 ans. Malgré son jeune âge, il a été l’auteur d’infractions à plusieurs reprises. « Avec mes amis, nous avons déjà commis des vols à la tire. C’est dangereux comme moyen de se procurer de l’argent car on risque de se faire arrêter et tabasser à chaque acte. Mais avec des parents qui vous obligent à ramener de l’argent à la maison chaque soir et une famille qui ne mange pas à sa faim, on est obligés de s’y lancer », confie l’adolescent. Raphaël, un adolescent de 14 ans est devenu un voleur dans son quartier, en abandonnant les bancs de l’école. Comme Aina, il n’agit pas seul mais avec des amis. « On les a déjà surpris en train de voler des marmites avec de la nourriture chez des voisins. Il a sombré dans la délinquance, depuis une grande dispute avec sa mère », raconte sa tante. Il arrive aussi que des bandits utilisent des enfants dans leur bande. « Les enfants les aident beaucoup dans leur mission, avec leur petite taille», rapporte une juge des enfants, hier. Des juges des enfants au Tribunal de première instance d’Antananarivo affirment la hausse des enfants en conflit avec la loi. « Ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes. Même des enfants de 7 ans sont auteurs d’infractions, actuellement », souligne une source. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. « En 2017, par exemple, nous avons traité cent vingt-cinq dossiers correctionnels par cabinet de juge des enfants) (ndlr : il existe quatre cabinets à Antananarivo). L’année ne s’achève pas encore que ce chiffre est déjà dépassé. On peut dire que les enfants en conflit avec la loi ont triplé, cette année, car il peut y avoir trois, cinq jusqu’à dix enfants dans un dossier », rajoute la source. Des criminels Le vol à la tire est le type d’infraction le plus fréquent. Les enfants auteurs d’actes criminels, comme le viol, le meurtre, commencent également à gagner du terrain. « Nous avons traité cent vingt dossiers, en 2017, l’année où le traitement des affaires criminels concernant les mineurs nous a été affecté », enchaine une juge des enfants. La pauvreté, la déscolarisation, le manque d’éducation, les problèmes familiaux sont les principales raisons qui poussent les enfants à sombrer dans la délinquance. Le Tribunal de première instance d’Antananarivo à Anosy dispose désormais, d’un bâtiment pour le Tribunal pour Enfants et les archives des Registres du Commerce. « Ces locaux sont spécialisés dans la prise en charge des mineurs et des services sociaux dans le tribunal», souligne Harimisa Noro Vololona, ministre de la Justice. Rivo Rakoto­vao, président de la République p.i a honoré de sa présence l’inauguration de l’infrastructure, hier. Et elle de rajouter : «Même dans le tort, un enfant a toujours le droit d’être protégé ». L’initia­tive est félicitée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) qui coopère avec le ministère de la Justice dans la promotion de la protection des enfants.  
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