Nobel de la queue


Indice...cutable. Le classement du très sérieux Indice Mo Ibrahim, milliardaire anglo-soudanais, sur la gouvernance en Afrique n'a fait que confirmer une vérité de la Palice que seul le pouvoir refuse de reconnaître. Madagascar n'a pas raté la saison des Nobels en terminant en tête des battus dans ce classement établi sur les dix dernières années. Trente troisième sur cinquante quatre pays avec un recul de 7,6 points. Inutile de préciser qu'on retrouve l'île Maurice en tête du classement et que les Seychelles sont également loin devant. Une descente aux enfers palpable au quotidien qui a eu les faveurs du journal Le Monde. Eh oui, cela vaut bien la peine d'en parler pour un prix Nobel de la queue. Plusieurs domaines font l'objet de classement dans cet indice Mo Ibrahim depuis dix ans et si l'Afrique a fait un léger progrès dans la Gouvernance globale, la plupart des pays concernés ont nettement reculé en matière de Sécurité et de Droits. Pour Madagascar, il s'agit en quelque sorte d'une «consécration» d'une décennie de la corruption enclenchée depuis la Transition et qui n'a pas encore atteint son pic. Pourtant, tous les espoirs étaient permis lors du discours d'investiture présidentielle où Rajaonari­mampianina avait promis de lutter corps et âme contre la corruption et les trafics. En fait, il avait dit ce qu'il n'avait pas pensé étant donné que c'était un discours «copier-coller» dont il n'était donc pas le véritable auteur. Tout est resté au niveau des intentions. Pire, ceux qui ont montré des velléités anti-corruption à l'image de l'ancien Premier ministre Ravelonarivo qui clamait, à cor et à cri, la tolérance zéro ou de l'ancien directeur général des douanes qui a eu l'insolence de demander en conférence de presse la fin des interventions, ont été mis sur la touche. Les deux organes de lutte contre la corruption et du blanchiment d'argent n'ont aucune marge de manœuvre et servent juste de façade à l'État pour montrer qu'il en fait une priorité. Mais les faits sont têtus. L'épisode des rondins de bois de rose saisis à Singapour constitue le summum de la corruption au niveau de l'État. Il a fallu une sérieuse menace de la Cites pour qu'il accepte de se rappliquer après avoir refusé de témoigner au tribunal singapourien. Sans oublier bien évidemment l'affaire Bekasy mis en détention préventive pour trafic de bois de rose avant d'être élargi à Maurice par miracle. Les kidnappeurs bénéficient également d'une protection en haut lieu à en juger la complainte de la police qui regrette que des criminels notoires sont libérés au niveau de la Justice.  Justement, après une légère accalmie suite à l'enlèvement meurtrier de deux enfants à Toamasina où la Présidence est intervenue, les kidnappings ont repris de plus belle comme en témoigne le rapt d'un jeune ressortissant indien samedi à Ambohimanambola. Récemment à Toamasina, le Président a encore réitéré sa détermination à lutter contre la corruption, et comme par hasard, le directeur de cabinet du ministère de la Communication est incarcéré à Antanimora pour détournement de deniers publics. Un «délinquant» pris la main dans le sac au mauvais moment et au mauvais endroit. En plus, il prend tout pour lui sans penser à la caisse commune. La gourmandise mène souvent à la disette dans les prisons, malgré le traitement accordé aux prisonniers de luxe. Ce n'est qu'un bouc émissaire sacrifié sur l'autel du simulacre de lutte contre la corruption. Le récent cri de détresse des groupements d'opérateurs et industriels montre si besoin est que la corruption reste une affaire d'État qui autorise des importations de produits hors normes, exonère de TVA certaines sociétés importatrices dont on connaît leur lien avec le pouvoir, favorise la concurrence déloyale. À cette allure, il ne faut pas espérer que le classement puisse s'améliorer de sitôt. Pire, les indices de Mo Ibrahim risquent de devenir les ...maux incurables d'ici un second mandat. à bon entendeur. Sylvain Ranjalahy
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