Kidnapping - Un cerveau haut placé et puissant


Huit enlèvements depuis le début de l’année. Aucune arrestation, aucune enquête sérieuse. Tout porte à croire que le cerveau a de solides protections. Qui tire les ficelles derrière la série de kidnapping qui frappe principalement la communauté indienne ? Faute d’enquête sérieuse et poussée, il est difficile d’y répondre de façon formelle et implacable. Un enlèvement se termine toujours par le paiement de la rançon exigée par les ravisseurs et la libération de l’otage. Tout s’arrête là jusqu’au prochain kidnapping et ainsi de suite. Cette année, huit enlèvements ont déjà été enregistrés dont quatre en un mois, en l’occurrence, Navaje Valdjee le 24 mai, Rishi Chandarana le 4 juin, Nizar Pirbay le 9 juin, Moustafa Hiridjee le 11 juin et Sabera Vasram le 6 juillet. Tout le monde a été heureusement libéré moyennant paiement de fortes rançons mais la situation devient de plus en plus invivable pour la communauté indienne. La vie est devenue infernale. « Chaque jour, on attend à ce quelqu’un y passe », soupire un opérateur indien dont plusieurs membres de la famille ont été kidnappés. Certains l’ont été à deux reprises. Cagoulés par les ravisseurs, ils sont incapables de se souvenir de quoi que ce soit. Les forces de l’ordre déplorent le fait que les victimes ne coopèrent pas et ne donnent pas d’indices susceptibles de mettre sur la piste des bandits. Certes, mais les proches n’ont pas le choix et préfèrent sauver la vie des leurs au lieu de compliquer les choses. C’est d’autant plus vrai que les forces de l’ordre réquisitionnées pour les protéger ne servent pas à grand chose lors des enlèvements, à croire qu’elles sont de mèche avec les bandits, d’ailleurs très bien renseignés sur les habitudes, les endroits fréquentés, les compagnies de leurs proies. Néanmoins, les forces de l’ordre peuvent intervenir si elles le veulent. Aucune enquête Vendredi à Ivandry, par exemple, lorsque Sabera Vasram a été enlevée dans sa voiture et embarquée à bord d’une Kia Sorento dont l’immatriculation a été notée par les témoins, tous les axes autour d’Ivandry auraient dû être quadrillés par les forces de l’ordre. Comme la scène s’est passée à une heure de grande fréquentation routière, les bandits n’auraient pas pu aller très loin. Et les forces de l’ordre étaient en retard d’une guerre. Par la suite, aucune enquête sérieuse et approfondie n’est actionnée. On attend le prochain kidnapping. « Curieusement, les forces de l’ordre interceptent souvent des bandits en train de commettre un kidnapping mais jamais ceux qui sont en action. On se demande pourquoi ? Il doit bien y avoir une explication. », déplore un observateur de la communauté indienne. Il est curieux que les forces de l’ordre ne conçoivent aucune stratégie pour juguler les kidnappings qui gangrènent le monde des affaires. Des ressortissants indiens sont partis s’installer à Maurice alors que des entrepreneurs mauriciens ont mis la clé sous le paillasson et sont rentrés chez eux après avoir été kidnappés. Pourtant, l’ancien ambassadeur de France , François Goldblatt avait remis une liste des personnes impliquées dans les kidnappings aux autorités en 2014. Cela lui a valu un retour précipité à Paris pour ingérence. La seule grande intervention des forces de l’ordre avait eu lieu à Toamasina lors des kidnappings meurtriers de deux enfants d’un opérateur malgache. Plusieurs arrestations avaient eu lieu dont un juge et l’auteur principal de l’enlèvement. Un autre bandit détenu à Tsiafahy avait été abattu à Toamasina. Le juge a été relaxé avant le procès alors que l’auteur a bénéficié d’une liberté provisoire et ne s’est pas présenté au procès. A qui profite donc le crime ? Les victimes estiment que le cerveau serait haut placé et bénéficie d’une solide protection. Elles n’excluent pas une complicité parmi les forces de l’ordre. Ou va l’argent des kidnappings qui constitue un sacré pactole ? Y a t-il une corrélation entre la proximité de l’élection et la prolifération des kidnappings ? De ce côté non plus, il n’y a aucune enquête sur le blanchiment de l’argent du kidnapping par le Samifin. Certains comptes bancaires devraient être bien approvisionnés ces derniers temps par les mannes du kidnapping. À moins que le cerveau soit bête et préfére stocker le magot dans un hangar aux soins d’un gardien qui fait office de comptable et qui s’en sert bien.
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