Madagascar, une ile difficile à repérer par les anciens navigateurs


Et si nous retrouvons nos livres d’histoire pour réapprendre les origines de Madagascar ? Ce pays est une ile isolée durant une grande partie du second millénaire. Jusqu’à la fin du XVe siècle, seuls les Indonésiens, les Arabes et les Antalaotra la fréquentent. Aucun Européen n’y aborde avant le capitaine portugais Diego Dias qui la rencontre par hasard en 1500, alors qu’il fuit une tempête. Selon les historiens, c’est pourtant un Européen, Marco Polo qui, deux siècles auparavant, invente le nom de Madagascar sans la connaitre. « Ce baptême résulta d’une erreur géographique considérable : le grand voyageur vénitien du XIIIe siècle avait confondu Mogadiscio, port de la côte de Somalie, avec la Grande ile, située cependant beaucoup plus au Sud. » Il la peuple ainsi de la faune africaine des plateaux éthiopiens, « des grands fauves de la savane, des chameaux du désert et il en fit même le paradis des éléphants ». Tout le monde en Europe le croit et, par la suite, le nom arabe de Madagascar, « Komr » passe définitivement à l’archipel des Comores. Deux cents ans plus tard, en 1492, alors que Christophe Colomb découvre l’Amérique, l’Allemand Martin Behaim commet une erreur du même ordre que celle de Marco Polo : le cosmographe figure Madagascar sur son globe, mais il la place beaucoup plus loin de la côte orientale de l’Afrique. En tout, les Portugais sont les premiers Européens à atteindre l’océan Indien, après avoir doublé l’Afrique. En 1497, dix ans après Barthélémy Diaz, Vasco de Gama franchit le Cap de Bonne-Espérance- « le cap des Tempêtes ayant été rebaptisé ainsi par Jean II de Portugal »-, traverse le Mozambique et atteint Zanzibar. Avec l’aide d’un pilote arabe, en utilisant la mousson indienne, il touche l’Inde à Calicut. Mais la première liaison maritime Europe-Atlantique-Asie « n’a pas reconnu Madagascar que les navigateurs européens imaginaient, sans doute, avec Marin Behaim, plus orientale ». Moins de deux ans après, en 1500, les navigateurs portugais font du cabotage sur les côtes malgaches et concurrencent les Arabes. Durant le XVIe siècle, ils exercent même une sorte de primauté dans le bassin occidental de l’océan Indien, mais ils ne parviennent pas à évincer complètement leurs prédécesseurs. Toutefois, grâce aux indications des capitaines de navires, les cartographes portugais repèrent plus exactement Madagascar qu’ils baptisent Saint-Laurent et la forme de l’ile, encore bien inexacte, se précise d’un document à l’autre. Les Hollandais, les Anglais, les Français ne tardent pas à participer à l’inventaire des baies et des estuaires malgaches. Et « Madagascar devint, dès le premier quart du XVIe siècle, une escale sur la route des Indes orientales » (…) « L’arrivée de leurs concurrents européens et aussi des échecs cuisants cantonnèrent ensuite le commerce portugais dans la partie septentrionale du Mozambique, entre le Boina et l’Afrique. » Les Hollandais fréquentent plutôt la côte orientale et la baie de Saint-Augustin où les Anglais arrivent à leur tour. Les Français s’intéressent surtout aux baies du Sud-ouest et du Sud-est, à Saint-Augustin et à Sainte-Luce. On voit alors que des baies particulièrement favorables- telles l’embouchure de l’Onilahy, celles des fleuves du Boina, au Nord-ouest, et aussi la baie d’Antongil au Nord-est servent d’escale, dès le début du XVIe siècle, aux premiers navigateurs européens. « Après une longue et périlleuse navigation dans l’Atlantique au seuil de l’océan Indien, la Grande ile pouvait leur paraitre bien riche de possibilités. » Toutefois, les premiers contacts entre les Malgaches et les Européens se révèlent, dès le début, superficiels. « Des expéditions rapides, les razzias commerciales, naissaient de la concurrence entre les Arabes et les Portugais, sinon entre les Européens eux-mêmes ; elles éveillèrent la méfiance des habitants des côtes. » Les escales plus prolongées et l’installation des premiers comptoirs permettent aux nouveaux venus de constater le caractère « doux, aimable, hospitalier » même de ces populations. « Les témoignages abondent sur ce point important. » Les tentatives d’occupation coloniale sérieuse se déroulent au cours du XVIIe siècle.
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