Cessation d'activité - Les Cours et tribunaux à l’arrêt


La cessation d'activité initiée par le SMM au niveau des Cours et tribunaux de Madagascar a été suivie à la lettre. De plus, avec la grève des greffiers, les justiciables ont rencontré des portes fermées. Des portes closes. C'est ce qui attendait les justiciables ayant des affaires en cours ou des paperasses à formaliser au tribunal d'Anosy, hier. Pareillement, pour les locaux du tribunal administratif et de la Cour suprême. La raison est la cessation d'activité de deux jours, décrétée par le Syndicat des magistrats de Madagascar, lors d'une conférence de presse à Toliara, mardi. De prime abord, l'initiative syndicale pour « affirmer l'indignation » de la magistrature face aux multiples atteintes à l'indépendance de la Justice, a été suivie. Une foule de justiciables sont ainsi rentrés bredouilles. Il faut dire que la grève du Syndicat des greffiers de Madagascar, démarrée hier également, a largement contribué à la paralysie de l'institution judiciaire. « Nous avons entendu que les magistrats seront en grève, aujourd'hui [hier], seulement nous ne pensions pas que les tribunaux seraient fermés. Aussi, nous sommes tout de même venus, car nous avions déjà rendez-vous pour retirer une copie d'acte de naissance », a déclaré Aina Rasolon­jatovo, parmi ceux qui ont rencontré portes closes, hier. La plupart des citoyens, pris de court par la cessation d'activité, sont ceux qui veulent se procurer un certificat de casier judiciaire pour compléter leur dossier de candidature au concours d'entrée dans la police nationale. Significatif Si la grève des greffiers a pour objectif de revendiquer, entre autres, l'augmentation de leurs indemnités, les magistrats eux martèlent que leur action consiste « uniquement » à revendiquer l'indépendance de la Justice, et « nullement » de nuire à l'intérêt des justiciables. « Au contraire, une Justice indépendante sera bénéfique pour tous les Malgaches, au nom desquels les décisions judiciaires sont rendues », se défendent-ils. D'après Fanirisoa Ernaivo, interviewée, hier par des médias privées de la capitale, la cessation d'activité de la magistrature a été suivie dans les juridictions et Cours de la Grande île. Même affirmation chez les greffiers, qui soutiennent que tous leurs collègues, dans les quatre coins de Madagascar ont fait grève. Des informations confirmées par des sources dans les chefs-lieux des provinces. Si les auxiliaires de Justice affirment que leur mouvement ne prendra fin qu’après réponse favorable à leur revendication par le ministère de la Justice, celui du SMM prendra fin ce jour. Le Syndicat des magistrats prévient, pourtant, qu'il compte s'engager dans un mouvement plus « rigide », si le pouvoir reste de marbre à leur revendication. La magistrature attend un geste significatif de la part des autorités politiques, notamment des chefs d'institution, démontrant leur attachement à l'indépendance de la Justice. Dans une lettre interpellant Hery Rajaonarimam­pianina, président de la République, le SMM a demandé qu'il fasse « une déclaration officielle et publique » en faveur de cette indépendance de la Justice. Devant quelques journalistes, hier, Fanirisoa Ernaivo a « enjoint » les responsables étatiques « à prendre des mesures contre les auteurs d'ingérences et immixtions » dans les affaires judiciaires. « Ils le font très bien lorsque cela les arrange », a-t-elle ajouté. À Anosy hier, outre les grilles et portes closes, des banderoles revendiquant l'effectivité de l'État de droit, l'indépendance et la quiétude des magistrats dans l'exercice de leur fonction ont accueilli les justiciables. « Cessez de bafouer l'autorité de la Justice », ou encore, « c'en est assez du non-respect des décisions judiciaires : Affaires Rehavana, Air Mada­gascar, Claudine , Ampanihy » peuvent aussi se lire sur des bannières accrochés aux grilles du tribunal de première instance et de la Cour suprême. Garry Fabrice Ranaivoson
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